Texte à méditer :  STAT FORTIS IN ARDUIS ( Il se tient droit dans la difficulté )
   Ismidon de Claveyson, an 1050

Claveyson en Drôme

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Patrimoine - Monographie 1958

Par Jean Sauvageon

MONOGRAPHIE

DE LA COMMUNE

DE

CLAVEYSON

1958


 

 

 


CLAVEYSON

Voilà 50 ans

Avant-propos

 

Nous avons vécu à Claveyson où nous étions instituteurs, mon épouse et moi, de 1953 à 1960. Pendant cette période, j’ai suivi un stage d’une année scolaire (octobre 1957 à juin 1958) au lycée agricole d’Ondes, près de Toulouse. L’Éducation nationale organisait alors des cours destinés aux jeunes agriculteurs travaillant dans la ferme familiale. Ces cours étaient donnés dans des centres regroupant les élèves de plusieurs communes qui les suivaient pendant trois ans. Ils étaient assurés par des instituteurs spécialisés possédant le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement post-scolaire agricole. L’examen permettant d’obtenir cette qualification, à la fin de cette année d’études en lycée agricole, comportait la rédaction de la monographie d’une commune. J’avais, bien entendu, choisi la commune de Claveyson comme sujet de ce mémoire.

Cette étude constitue une « photographie » de la commune telle qu’elle était voilà 50 ans. À sa lecture, on mesure l’évolution de la structure agricole, des techniques, du matériel, voire de la mentalité en un demi-siècle. La traction animale restait très employée guère plus d’une décennie après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les 53 tracteurs des 136 exploitations étaient de faibles puissances et les machines agricoles bien clairsemées dans la commune.

La structure agricole était centrée autour de petites exploitations polyvalentes (10,4 ha en moyenne). Le machinisme demandant des mises de capitaux importantes, les difficultés pour trouver des débouchés rémunérateurs, les prix des denrées agricoles ne suivant pas l’évolution de ceux des produits nécessaires (engrais, semences, produits phytosanitaires, outillage…) ont amené de nombreux jeunes à choisir d’autres orientations que l’agriculture. Le nombre d’exploitations a diminué et celles qui subsistent ont dû cultiver des superficies plus importantes pour faire face aux charges.

L’Association pour le développement de la culture et des loisirs à Claveyson a souhaité que je mette cette étude à la disposition des Claveysonnais curieux du passé de leur village. C’est bien volontiers que je réponds à leur vœu. Elle permettra de se remémorer ce qu’ils ont vécu dans leur jeunesse ou ce qu’ont connu leurs parents ou grands-parents. Je rappelle que ce mémoire a été rédigé dans le cadre de la préparation d’un diplôme, qu’il suivait un plan imposé, qu’il devait être lu par un jury d’examen et, de ce fait, n’a pas le style d’un texte préparé dans la perspective d’être présenté à un public de lecteurs. Pratiquement aucun nom de Claveysonnais n’est mentionné.

En relisant cette monographie, 50 ans après, j’y remarque certaines erreurs ou certaines affirmations que je ne ferais pas aujourd’hui. Mais, cependant, pour en garder l’authenticité, je n’y ai rien changé. Les graphiques, tableaux, parfois manuscrits, n’ont pas été repris. Il ne s’agit pas de considérer ce travail comme une étude scientifique, mais comme un regard honnête sur la réalité de l’époque. Le ton est souvent celui d’un manuel agricole. Cependant, je préconisais alors une agriculture raisonnée plus qu’intensive, les conditions agronomiques et humaines ne le permettant pas dans la commune.

Les nombreuses photos révèlent souvent ces évolutions culturales ou techniques. Chacun prendra plaisir à s’y reconnaître ou à y retrouver quelques têtes oubliées.

 

28 août 2008

Jean Sauvageon

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La colline de Saint-Andéol vue de la colline de Suze. Au centre, la vallée du Bion


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La colline de Suze vue de l’ancien château. La ferme est habitée par la famille Viron

 

 

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La commune de Claveyson est située dans le canton de Saint-Vallier, au nord de la Drôme. Elle se trouve à 35 km au nord-nord-est de Valence, 12 km de la vallée du Rhône et du chef-lieu de canton, à 25 km de Romans, à 80 km de Lyon.

Elle est longée, au nord, par la Galaure qui ne pénètre pas sur le territoire communal. Elle est située à l'ouest des plateaux molassiques du Bas-Dauphiné.

Les coordonnées géographiques du village sont : Latitude nord : 50,20 gr. Longitude est : 2,88 gr (méridien de Paris).

La commune a environ 6 km dans sa plus grande dimension (nord-ouest--sud-est)  et  3 km de largeur.

La superficie est de 1570 ha 69 a 08 ça.

Elle est limitée au nord par les communes de La Motte de Galaure et de Mureils, à l'est par les communes de Saint-Avit et de Ratières, au sud par la commune de Bren, à l’ouest, par la commune de Saint-Barthélemy-de-Vals.

La commune comprend le hameau de Saint-Andéol rattaché administrativement à Claveyson mais économiquement, plutôt orienté vers Saint-Donat. En effet, la route départementale 53, reliant Châteauneuf-de-Galaure à Saint-Donat (à 5 km de Saint-Andéol) passe à 500 m du hameau. Les habitants de Saint-Andéol préfèrent se rendre à Saint-Donat, pour leurs achats, plutôt qu'à Claveyson (3 km, peu de magasins) ou Saint-Vallier (15 km).

Saint-Andéol possède son église, très belle d'ailleurs et classée "monument historique". Les habitants, dont la grande majorité est catholique, n’ont pas à descendre au village pour assister aux offices religieux.

Ce hameau n'a donc que très peu de rapports avec le reste de la commune. Dans cette monographie, ce sera surtout la partie de Claveyson, proprement dite, qui sera étudiée. Les données statistiques, cependant, concernent l’ensemble de la commune.

 

____________________

 

 

HISTORIQUE

 

Les documents historiques que l’on trouve s’attachent à la généalogie de la famille des seigneurs de Claveyson.

« Le château féodal était construit sur le flanc méridional de Suze. Cet emplacement est admirablement choisi. Abrité des vents du nord par la montagne, le château dominait tout le pays environnant. Du haut du donjon, le regard parcourait la verte val­lée dans laquelle la Galaure coule capricieusement parmi les prairies et les arbres, scrutait toutes les ondulations de la plaine qui du midi s’étale jusqu'à Tain ; enfin à l'est, il distin­guait nettement la masse montagneuse au sommet de laquelle se sont perchés Saint-Avit, Ratières, Saint-Andéol et derrière laquelle se cachent Bren et Saint-Donat. En bordure de tout ce panorama, les Alpes et les Cévennes dressent leurs masses bleues » (A. Jullien. Instituteur à Claveyson. Un château féodal : le château de Claveyson)

Tous les documents nous montrent la richesse et la puissance de cette famille dont les enfants entraient soit dans l’armée, soit dans le clergé. Au XIe siècle, déjà, les seigneurs de Claveyson possédaient des domaines à Claveyson, Villeneuve-de-Vals, La Motte-de-Galaure, Mureils, Romans, Mercurol, Hostun, Anjou.

Pierre de Claveyson fut l'un des cent gentilshommes de la Maison du roi François 1er.

Le neveu d'un des seigneurs de Claveyson, Hugues de Lionne, fut ministre de Louis XIV.

Au commencement du XVIe siècle, le château fut reconstruit par un « maçon d'Amboyse ». Ce château passe, alors, pour un des plus remarquables du Dauphiné. On retrouve des pierres de ce château dans certaines constructions du village. L’une d'elles porte un blason des Claveyson avec les clés.

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Pierre provenant vraisemblablement de la démolition du château ayant servi à la construction de la maison de monsieur Arsel, quartier des Allemands

 

Le château fut détruit vers 1753 après la vente à monsieur de Tournon.

« Le village de Claveyson paraît avoir une origine très reculée. Monsieur Vossier y a reconnu l'emplacement d'une voie romaine (actuellement le chemin de Mureils) et trouvé des traces de villas romaines ou burgondes» (A. Jullien. id.)

Au Moyen Âge, il semble que le village n'existait pas à l'emplacement actuel. Dans le cartulaire de Saint-Barnard, Charte 237 (milieu du Xle siècle), on trouve l'expression de « Châ­teau de Claveyson - Paroisse de Saint-Véran-de-Rives ». Le quartier appelé « Les Rives » est situé au nord de la commune, près de la Galaure, et, tout près, on trouve le lieu-dit « Chapelle Saint-Véran ». Monsieur Jullien, dans son étude sur le château, note l'existence du domaine des Rives. Le village aurait-il été là, près des terres du seigneur et autour de l'église ? Ce village ne devait pas d'ailleurs être très important car en 1748 (1ère estimation connue) l'ensemble de la commune comptait 299 habitants. II semble aussi que le hameau de Saint-Andéol ait été, jadis, plus impor­tant que le chef-lieu : en 1896, Saint-Andéol  comptait 245 habitants, alors que le village n'en comptait que 181. Actuellement, la popu­lation des deux agglomérations est sensiblement la même.

On trouve dans les documents un acte d' « albergement » du moulin seigneurial (7 mai 1415). Le bâtiment existe toujours mais le moulin ne fonctionne plus depuis longtemps. Il est situé près du village actuel, au bord au Bion dont il utilisait l'eau amenée par un canal, aujourd'hui à sec.

Dans le Dictionnaire biographique du département de la Drôme (Brun-Durand), parmi les noms de quelques personnes de Claveyson ayant acquis une certaine notoriété, on peut en relever deux : Exupère de Claveyson, « bel esprit » du XVIe siècle, mais surtout Alexis Fontaine, fameux mathématicien du XVIIle siècle, né le 13 août 1704 au hameau des Bertins, mort le 21 août 1771.

La commune de Claveyson, située en dehors des vallées du Rhône et de la Galaure, semble avoir échappé, en partie aux grandes invasions, aux guerres de religions. Tout au moins, il n'en est pas fait mention dans les documents consultés.

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Vestiges des tours du château féodal

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Vue générale photographiée du sud vers le nord. Au premier plan, les dernières pentes du groupe de collines au sud du village. Au second plan, un rideau de peupliers, le long du Bion ; le village. Au-dessus, la colline de Suze. À l’arrière-plan, la vallée de la Galaure.

 

Ci-dessous, panorama photographié du sud-est vers le nord-ouest.

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Plan en relief de la commune, par les élèves de l’école de garçons, de la classe de fin d’études, notamment. Ce plan a été réalisé à partir de la carte dite d’État-major, les courbes de niveau décalquées et reportées sur des feuilles de carton, ensuite superposées. Le tout est recouvert de plâtre puis peint. Cette réalisation avait été primée sur le plan cantonal.

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Vue prise de la colline de Suze en direction du sud. Au centre, on voit quelques maisons du village. À l’arrière-plan, à gauche, les premières pentes de la colline de Saint-Andéol.

 

ÉTUDE GÉOGRAPHIQUE

 

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

 

LE RELIEF

Claveyson est située aux confins de la région du Bas-Dauphiné, région de collines de plateaux, de vallées. L’est de la commune  est formé de collines coupées par la vallée du Bion : au nord, la colline de Suze, au sud, l’ensemble de collines où s’est perché Saint-Andéol. L’ouest est formé de faibles ondulations d’où émergent quelques mamelons molassiques de faible altitude.

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L’église de Saint-Andéol

 Le point le plus élevé se situe au sud-ouest de Saint-Andéol avec une altitude de 437 m. La colline de Suze culmine à 374 m. Le point le plus bas se trouve en aval du pont de la « route neuve » sur le Bion, à la limite de la commune de Saint-Barthélemy-de-Vals, à 185 m.  La molasse constituant la majeure partie du sol donne un relief « mou » aux formes arrondies. L’érosion pluviale, l'érosion éolienne même, attaquent les pentes déboisées, le sable, ainsi entraîné, se dépose dans les parties plus basses.

Nous avons donc, ici, un relief sans grand caractère, celui que l'on rencontre dans toute la partie du département située au nord de l'Isère.

 

HYDROGRAPHIE

 

Un seul cours d'eau, le Bion. Ce petit ruisseau, de moins d'un mètre de large, est le rassemblement de plusieurs pe­tites sources situées sur les communes de Ratières et de Saint-Avit. Il coupe la commune d'est en ouest et se jette dans la Galaure.

Au Moyen Âge, le Bion était barré sur la commune de Saint-Avit et formait ainsi un petit lac au quartier appelé en­core aujourd'hui « La Mare des Goutoules ». Cet étang était exploi­té par plusieurs seigneurs, dont celui de Claveyson, pour la pêche et il arrive, lorsqu’on exécute des travaux assez profonds, de trouver, par endroits, de grosses écailles.

Les sources sont rares dans la commune. On en trouve quelques-unes au pied de la colline de Saint-Andéol, en particulier la source de Fontanaure qui alimente une dizaine de fermes. Les puits sont rares sur les hauteurs et, dans la partie basse, ils sont assez profonds : village, 9 m ; Communaux, 20 m, Rivoires, 19 m, Allemand, 26 m. Cette difficulté de trouver l’eau amène l'existence de nombreuses citernes recueillant l'eau des toits.

La nappe d'eau souterraine est donc très profonde dans la majeure partie de la commune ; elle n'affleure que dans les prés situés à l’ouest du village, ce qui donne des terrains marécageux. Dans ce quartier, on trouve quelques fossés de drainage.

 

CLIMAT

 

La commune n’a pas de station météorologique. L’école de garçons a fait quelques observations au cours des dernières années. Monsieur Béraud, de Saint-Barthélemy-de-Vals, est correspondant de la station d'avertissement de Lyon depuis septembre 1955. II suit la pluviométrie toute l'année mais ne relève les températures que de mars à septembre. Ces relevés sont tout à fait valables pour Claveyson car ce poste météorologique n’est situé qu'à quelques centaines de mètres de la commune. L'inconvénient est que ces études ne portent que sur les trois dernières années et les moyennes que l'on peut faire n'auront pas une grande valeur. Je serai donc obligé de me servir des moyennes de Valence, beaucoup plus valables car portant sur un nombre plus grand d'années. Les caractères du climat de Claveyson sont sensiblement les mêmes que ceux du climat de Valence (distante de 30 km) avec une influence plus marquée du climat lyonnais. Le nord de la Drôme ne subit plus, ou qu’à de rares exceptions, les influences méditerranéennes, mais reçoit déjà les influences continentales quoique Claveyson semble un peu protégé par les collines du Bas-Dauphiné.

 

Les températures

Les données dont on dispose semblent indiquer que la courbe des températures est parallèle à celle de Valence avec une différence de 2° en moins environ (pour la période mars-septembre des deux dernières années au moins).

On assiste, en général, à une montée assez brusque des températures en juin (fin mai quelquefois) et en juillet. Elles restent assez élevées en août, mais moins régulières. Les hivers ne sont pas très rigoureux sauf des hivers exceptionnels comme ceux des années 1928-29 et 1955-56, mais ceci n'est pas valable seulement pour Claveyson.

On compte, en moyenne, 53 jours de gelée à Valence. Ce chif­fre correspond à peu près à celui de Claveyson. Les gelées  d'hi­ver ne sont pas à craindre, sauf au cours des hivers exception­nels. En année normale, les gelées enregistrées (entre 0° et -5°) sont plutôt salutaires à la plupart des plantes qui demandent un arrêt de végétation (blés d’automne, pêchers par exemple) mais on as­siste ces dernières années à un déplacement des températures minima vers la fin janvier et février. Dans ce cas-là, elles sont nuisibles car la végétation est « repartie » grâce à un mois de décembre et à une partie de janvier relativement doux.

Les gelées de printemps sont nuisibles d’autant plus que les vergers prennent actuellement de l’extension dans la commune.

En mars 1956, on compte 11 jours de gelée blanche, mais ce­ci à la suite du mois de février exceptionnellement rigoureux. En avril de la même année, on compte encore 4 jours de gelée blanche. En mars 1957, 9 jours ; en avril, 8 jours ; en mai, 2 jours. En mars et, surtout, avril 1958, les jours de gelée semblent plus nombreux et les températures plus basses.

Ces gelées peuvent causer des dégâts importants. Il est donc nécessaire que les agriculteurs s’orientant vers la culture fruitière, s'équipent d’appareils susceptibles de lutter contre ces gelées (réchauds, aspersion, nappes fumigènes…). Les abricotiers subissent, avec le plus de dégâts, ces gelées printanières. On devra l’écarter des futures plantations car, de ce fait, son rendement est trop irrégulier. Les pêchers, fleurissant un peu plus tard, résistent mieux, il est rare que la récolte soit détruite. Aucune plantation de pommiers n'exis­te dans la commune, il semble que c’est l’arbre qui convien­drait le mieux pour notre climat, en situation irrigable, tout au moins.

Les quartiers craignant le plus les gelées sont ceux dont l'altitude est la plus basse et, en particulier, les terrains situés de chaque côté du Bion.

 

Les vents

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Il faut faire les mêmes réserves pour la rose des vents que pour les températures, elle ne représente pas la moyenne d'un nombre suffisant d’années. Néanmoins, elle permet de cons­tater une grande analogie avec celle de Valence. Quoiqu’en dehors de la vallée de Rhône, Claveyson a le même régime éolien. Au nord, les premières collines rencontrées sont celles du versant nord de la vallée de la Galaure ; au sud, ce sont celles de Chantemerle-les-Blés. Dans les deux cas, leurs altitudes ne suffisent pas pour arrêter les vents. À l'ouest, à 15 km, nous trouvons les collines vivaroises, et, plus loin, toute la masse du Massif Cen­tral. Les vents d’ouest seront donc rares. À l'est, Claveyson est abrité par les collines de la commune même. Leur altitude (300 à 400 m) n’est pas excessive mais leur proximité suffit pour abri­ter des vents d'est. Ils ne souffleront de cette direction que 3 ou 4 jours par an, le matin seulement. D'ailleurs, le vent d'est porte le nom de « matinière ».

Le vent du nord, la « bise », n'est pas encore vraiment le mis­tral à qui Faucher donne pourtant ce nom à partir de Saint-Rambert-d'Albon. Il n’a pas encore atteint la violence qui le carac­térise. Lorsque ce vent est originaire de régions continentales il est froid, glacial en hiver. Le village s'est construit, en par­tie, à l'abri de la colline de Suze ; les fermes ont leurs ouvertu­res au sud, en général. Lorsque ce vent est une déviation des vents océaniques, il pousse de gros nuages noirs pouvant amener des pluies durables. Au printemps, lorsque la bise souffle, les gelées ne sont pas à craindre, le vent brassant les basses couches de l’atmosphère.

Sur 320 observations, on compte 202 jours durant lesquels le vent était de secteur nord. C'est donc bien le vent dominant.

Le vent du sud, appelé « vent du Midi » ou seulement « le vent » est parfois chaud et desséchant. On l'appelle parfois dans  ce cas, « le vent blanc ». Au printemps et en été, II peut souffler plusieurs jours de suite, en rafales, soulevant le sable fin des chemins, desséchant tout, activant la maturité de plusieurs jours et, s'il souffle avant la moisson, malmène les champs de céréales en provoquant la verse, et l'échaudage. C'est aussi le vent de la pluie. En été et en automne, il provoque, parfois des orages assez violents : le ciel prend, alors une teinte gris-violacé, le vent souffle en rafales, tordant les peupliers, entraînant fétus de pailles, feuilles, grains de sable. Quelques gouttes énormes viennent humecter le sol pendant quel­ques minutes... l'orage est passé. Parfois, au contraire, le  ciel semble crever et c’est une véritable trombe d'eau mais ceci est assez rare à Claveyson même, les orages de ce genre semble éviter la commune et affecter le sud-est et l’est (au nord de Romans). On compte 106 jours de vent de secteur sud.

Le vent d'ouest est assez, rare (9 observations). On l'appelle la « traverse ». Il pousse en général de gros nuages gris apportant la pluie.       

 

Les pluies

Les pluies de printemps et d'été ont surtout une origine méditerranéenne tandis que les pluies d'automne semblent plutôt être d’origine océanique.

La moyenne des années 1955-56-57 (observations faites à Claveyson et Saint-Barthélemy) est de 903 mm. La carte des pluies de la région indique environ 900 mm d'eau. En année sèche, la commune recevrait environ 700 mm (moyenne
des années 1920 à 1950) ; en année pluvieuse, elle recevrait environ 1 100 mm.

Le régime de ces pluies semble avoir les mêmes caractères que celui de Valence.

 

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Graphique des pluies à Claveyson

 w-19-pluies-valence.jpg

Graphique des pluies à Valence (d’après Plaines et bassins du Rhône moyen de Daniel Faucher)

 

Le graphique établi avec la moyenne des trois dernières années nous donne cette indication mais ne nous permet pas de porter des conclusions valables. Certaines données extrêmes faussent les moyennes mensuelles :

Février 1956 : 1,6 mm ; novembre 1956 : 7,5 mm ; mai 1955 : 325,5 mm répartis presque uniquement sur 2 jours (2 mai : 155 mm ; 17 mai: 140 mm).

On constate un maximum au printemps (mai-juin) et en automne (août à novembre) suivant les années. Le mois de septembre est souvent le plus arrosé. Les habitants de la région se souviennent des pluies torrentielles de septembre 1937 qui firent grossir démesurément la Galaure et ses affluents.

Les minima se situent en hiver (décembre à février) et en été (juillet).

Le nombre de jours de pluie se situe autour d'une centaine, ce qui n’est pas excessif.

La sécheresse, presque générale en juillet, permet une bonne maturation des grains mais, si elle se prolonge trop, elle est préjudiciable aux autres cultures car les sols très sableux ne retiennent pas l'eau. Pour obtenir des rendements élevés, d'une  façon régulière, il est nécessaire d'envisager des moyens d'irri­gation.

 

Pluviométrie

 

Années

J

F

M

A

M

J

J

A

S

O

N

D

Total

Nombre de jours de pluie

1954

 

 

 

 

 

 

 

 

 

105,8

62,3

17,2

 

 

1955

66,5

24,8

31,3

45

**325,5

143,6

*

*

12,3

105,2

56,4

70,1

 

 

1956

92,3

***1,6

98,5

60,2

66,1

48,9

58,8

141,9

198,6

86,3

7,5

29,8

890,5

98

1957

11,6

80,9

33,4

77,8

50

180,9

27,5

77,6

26,5

21,3

114,2

77,6

779,3

102

Moyennes

56,8

39,1

54,4

61

147,2

124,4

43,1

109,7

79,1

79,9

60,1

48,7

903,2

100

Observations :

* Les relevés n’ont pas été faits pendant les vacances.

** Deux jours de pluie exceptionnelle en mai 1955 ;  2 mai : 155 mm. 17 mai : 140 mm

*** Février 1956. Froid très rigoureux. Pas de précipitations dans le mois. Une seule chute dans la nuit du 31 janvier au 1er février.

Renseignements fournis par les relevés des élèves de l’école de garçons de Claveyson et par M. Béraud, correspondant de la station d’avertissement de Lyon, à Saint-Barthélemy-de-Vals.

 

 

La neige

La neige tombe presque tous les hivers à 3 ou 4 reprises mais il est rare qu'elle reste plus de 2 jours (décembre 1956 :1 jour ; janvier 1957 : 3 jours ; décembre 1957 : 1 jour).

Les collines du Bas-Dauphiné arrêtent les vents continen­taux amenant la neige. Les vents d'ouest ou du sud-ouest peuvent également amener des chutes de neige maïs elles sont beaucoup moins fortes et la fonte est rapide, la température étant moins basse.

On ne pourra donc compter sur la neige pour avoir une in­fluence sur les cultures. Les agriculteurs considèrent, cependant qu'elle est favorable aux céréales.

 

La grêle

Les orages, de grêle sont assez rares. Il semble que les « rayons » (nom local des orages de grêle) n'affectent pas particu­lièrement la commune. À noter, cependant, l’orage de 1955 qui a détruit une grande partie des plantations de tabac.

 

Le brouillard

La commune de Claveyson située en dehors de la vallée du Rhône et à une altitude légèrement supérieure à celle de la Galaure, connaîtra un brouillard moins fréquent et surtout moins dense.

II est fréquent de voir un brouillard épais vers Saint-Barthélemy et Saint-Uze, tard dans la matinée, alors que le soleil brille déjà à Claveyson.

 

Conclusion

Le climat de la commune n'appartient pas à un type bien défini. Les influences méditerranéennes ne sont plus prédominantes ; lorsqu’elles arrivent au nord du département, elles sont considérablement atténuées. Parmi la végétation naturelle, on trouve cependant quelques chênes-verts, du buis. Les influences atlantiques ne se font pas sentir d'une façon régulière, le Mas­sif central offrant une barrière.

C’est, en somme, le début de ce qu'on appelle le climat lyon­nais : températures moins élevées que dans le sud et le centre du département, commencement de la zone de brouillard. Les hivers ne sont pas très froids mais déjà moins doux, les étés sont chauds et souvent secs. C’est donc un climat de transition et les diver­ses influences déterminent un climat irrégulier. Ceci est une des causes de la polyculture : avoir un peu de tout sans risquer de tout perdre.

Les pluies seraient suffisantes mais un sol sableux très perméable ne permet pas une utilisation maximum de cette eau par les plantes. On ne pourra donc envisager de bons rendements pour les cultures ayant de grands besoin en eau. Le problème de l'irrigation reste posé : un ruisseau à débit, très faible, des puits profonds ne permettent pas de le résoudre actuellement. Les cul­tures fruitières se sont considérablement développées ces der­nières années. Les agriculteurs ont eu beaucoup de déboires avec les abricotiers qui souffrent souvent des gelées de printemps. II faudra éliminer les variétés fruitières trop précoces.

 

 

ÉTUDE     GÉOLOGIQUE ET AGRONOMIQUE

 

LE SOUS-SOL   .

 

L'étude de la carte géologique et l'observation directe sur le terrain nous montre que la totalité du sous-sol de la commune est une assise de Vindobonien sur laquelle se sont dépo­sées des alluvions : terrasses « de 200 m », quelques plaques de Pontien inférieur constituant le sommet des collines de Suze et de Saint-Andéol, alluvions modernes, alluvions quaternaires indéterminées.

La roche-mère est une molasse secondaire (Vindobonien), un grès molassique : grains de sable plus ou moins grossiers agglomérés par un ciment. Sa structure est variable. La roche est parfois assez dure ce qui permet de s’en servir comme pierre de taille (la plupart des maisons de Claveyson et de la région sont cons­truites ainsi ; le « Pont de Pierre » de Saint-Vallier a été édifié avec des roches tirées de la colline de Suze). Cette différence de structure provient des inégalités du ciment liant les grains de sable, ciment plus ou moins calcaire. Ces variations se retrouve­ront également dans la constitution des sols. La molasse se pré­sente en couches d'épaisseur variable (10 à 80 cm). Souvent, on observe une succession de couches  dures et de couches plus ten­dres.

Cette étude ne présente un intérêt pour l'agriculture que parce qu'elle nous permet d'expliquer la structure du sol superficiel.

Les terrasses de « 12 - 15 m » sont en général des dépôts caillouteux amenés par les eaux de la Galaure.

 

LE SOL

 

La roche-mère est facilement attaquée par les agents atmosphériques. La pluie dissout le ciment de la molasse et en­traîne les grains de sable. Le vent, dans une moindre mesure, la désagrège également.

Le sol provient de cette désagrégation. On a donc un sol siliceux. Les divers ciments de la molasse, le degré de les­sivage donnent un terrain dont la teneur en calcaire et en ar­gile est variable.

Prenons un sol provenant de cette désagrégation. Au dé­but, il est constitué par une grande quantité de sable, un cer­tain pourcentage d'argile et de calcaire. Les pluies, chargées de gaz carbonique, vont dissoudre, peu à peu, le calcaire et l’en­traîner dans les couches profondes, L’argile, pouvant former des agrégats, restera tant qu'il y aura suffisamment de calcaire ; les ions métalliques du calcaire neutralisent les charges de l'argile colloïdale. Il arrive un moment où ces ions « Ca » sont insuffisants, les agrégats ne se forment plus. L'argile est alors entraînée à son tour. Le sol est devenu presque uniquement sili­ceux. L'effet de l’érosion est alors maximum.

Tous les terrains ne sont pas arrivés à ce stade, heu­reusement d'ailleurs. Le lessivage est plus ou moins avancé. Les façons profondes, en ramenant à la surface des horizons inférieurs y remédient, les amendements et les engrais également.

Les sols des collines ainsi que ceux située à leur pied ou au pied des mamelons de la partie basse sont plus riches en calcaire que les autres terrains de la commune. Certains n'en renferment plus du tout. (Voir tableau des analyses).

Les terres sont, en général, acides ce qui est dû à la grande quantité de silice et à leur faible teneur en calcaire. Ceci implique des amendements calcaires, ce qui n'est pas pra­tiqué sauf quelques rares apports de chaux.

Le sous-sol agricole a suivi le même processus de lessivage que le sol. Il sera souvent plus pauvre que la couche su­perficielle enrichie par les divers apports de fumier et d'en­grais.

L'observation de la flore spontanée nous donne des ren­seignements semblables. Ce sont surtout des plantes aimant les terrains acides : dans les prairies naturelles, au bord du Bion, on trouve des carex, des joncs, des prêles, des colchiques ; dans les champs, poussent des ravenelles, des pensées sauvages, des renoncules, de la petite oseille.

Dans leur ensemble, les terres sont assez pauvres. Les meilleures se trouvent sur la rive sud du Bion ainsi que quel­ques-unes de la rive nord. Elles sont d'autant plus intéressan­tes qu’il est possible de les arroser.

La plupart des terrains ont, cependant une qualité, la souplesse et la légèreté, ce qui facilite les travaux et a per­mis le développement de la culture de l’asperge.

 

 w-20-analyse-terres.jpg

Il est très difficile d’établir une carte des pH de la commune car souvent deux terres situées à peu de distance l’une de l’autre ont un pH tout à fait différent. Ceci est certainement dû à un lessivage plus ou moins poussé ou à la présence de sels ou, peut-être à la fumure organique apportée l’année précédente.

 w-21-carte-geologique.jpg


w-22-coupe-geologique.jpg

Coupe géologique nord-ouest – sud-est

 

GEOGHAPHIE POLITIQUE ET  ECOMOMIQUE

 

POPULATION

 

Examinons, d’abord, l’évolution de la population totale. Les premières évaluations datent de 1748. À cette époque, on compte 299 habitants ; hausse très rapide jusqu'en 1801 (885 hab.) ; baisse pendant les premières années du 19e siècle et, à partir de 1811, nouvelle hausse jusqu'en 1861 où l'on dénombre 1050 habitants. À noter sur le graphique : 772 habitants en 1794, 510 en 1800, 885 en 1801. Le nombre de 1800 est certainement erroné car on ne peut concevoir une différence de 300 habitants d’une année à l’autre.

Cette hausse de la population peut s'expliquer par l'aug­mentation générale de la population en France, par le défriche­ment amenant de nouvelles terres (un quartier situé au nord-est de la commune se nomme les Essarts), et aussi par la vente des biens seigneuriaux à certains paysans aisés venus de l'exté­rieur (quartier de Rives) On peut, en effet, constater qu'aucune terre de l'ancien domaine de Rives des seigneurs de Claveyson n'appartient, de nos jours, aux descendants de l'acheteur du châ­teau.

Jusqu'au milieu du 19e siècle, Claveyson devait avoir une vie assez active. Reste, de nos jours, la foire annuelle. Lorsque les moyens de transport étaient moins développés, c'était une liaison entre la vallée de la Galaure et celle de l'Herbasse. De nos jours, encore, les jeunes de ces deux régions se rencontrent souvent dans les fêtes à Claveyson.

Depuis 1891 surtout, la population décroît presque ré­gulièrement. On note une légère remontée après la guerre 1914-18 (de 1921 à 1926). La dernière guerre a causé une légère stabilisation mais, depuis 1946, la courbe reprend son allure des­cendante.

Comment expliquer cette dépopulation ? Plusieurs causes à cela. Le sol de la commune est relativement pauvre. Un tra­vail pénible ne permet, souvent, que des rendements médiocres. Les propriétés sont petites. Le revenu ne permet pas de vivre convenablement. Dès que les enfants sont en âge de travailler, à la sortie de l'école, ils partent travailler, à St-Uze en gé­néral, dans les poteries ou autres industries. Un seul reste pour aider ses parents, c'est celui qui prendra la succession de la ferme. Les enfants travaillant à St-Uze rentrent le soir et même, parfois, pour le repas de midi. Plus tard, après leur ma­riage, par exemple, ils s'installent sur leur lieu de travail. Parmi ceux qui partent, la plupart aime, cependant, le travail de la terre. Plusieurs hommes ne peuvent vivre sur la petite propriété paternelle et, d'autre part, ils ne possèdent pas les capitaux nécessaires pour pouvoir s’Installer dans une autre ferme.

Les conditions de logement, souvent déplorables, ne re­tiennent pas les jeunes : cuisines sombres, nombre de chambres souvent réduit. Une amélioration, même sommaire, entraîne, sou­vent des frais considérables dans des bâtiments qui n'ont pas connu de réparations depuis fort longtemps. On préfère, si l’on a économisé quelque argent, améliorer, d’abord, le matériel (achat du tracteur).

L’horaire de travail est pénible, surtout en été où l'on ne connaît guère de repos aux périodes de gros travaux.

La motorisation se développe considérablement (53 tracteurs en I957). Elle diminue aussi les besoins en main d’œuvre. Dans notre région de petites propriétés, elle améliore les conditions de travail, donne un intérêt nouveau au travail des champs et permet aux jeunes agriculteurs, épris de progrès, de s'attacher davantage à leur métier.

On pourrait développer d’autres causes à cette dépopulation : vie rude de la paysanne, en particulier ; cherté des produits et du matériel nécessaires à l’agriculture ; mévente ou incerti­tude du marché ; calamités (gel, grêle, sécheresse, parasites, mala­dies des végétaux, des animaux….), absence de Sécurité Sociale amenant, parfois, la ruine en cas de maladie grave ; natalité assez faible, etc.

Telles sont les causes de cette dépopulation rapide à la­quelle il serait temps d’apporter des remèdes : grands travaux pour la modernisation des campagnes (adduction d'eau, chemins…), limitation des prix des produits industriels nécessaires à l'a­griculture, aide aux petites exploitations familiales, subventions plus nombreuses pour l'amélioration de l'habitat rural, développe­ment de l'enseignement agricole public.

Certains quartiers ont été plus particulièrement touchés par cette .dépopulation. Voici pour les plus importants une com­paraison entre les années 1896 (980 habitants) et 1945 (696).

 

Quartier

1896

1945

maisons

foyers

habitants

maisons

foyers

habitants

Village

49

54

181

43

40

127

Saint-Andéol

51

54

245

39

37

129

Jacquemets

7

7

24

5

5

14

Les Bernards

11

11

33

8

8

31

Les Bouchères

7

7

21

7

7

19

Les Berthins

14

15

50

6

6

12

Choriol

10

10

40

15

15

51

 w-23-maison-ruinee-st-andeo.jpg

Maison abandonnée à Saint-Andéol

w-24-echelle-population.jpg

w-25-courbe-population.jpg 

Courbe de la population

 

On note l'abandon de Saint-Andéol par la moitié de sa population : difficultés d’accès. Le village voit aussi une diminution de 30 %. Quelques commerces y ont disparu. Certains quartiers, par contre, ont maintenu voire augmenté leur population. Ce sont les quartiers assez proches du village, situés dans la partie basse de la commune où le travail est un peu plus facile.

 

La population actuelle

Le dernier recensement (1954) dénombre 657 habitants, ce qui correspond à une densité de 38,6 au kilomètre-carré.

Cette population se répartit ainsi :

 

Profession

Nombre

Nombre de personnes vivant au foyer

Pourcentage

Fonctionnaires

 

11

 

20

 

 

 

 

 

 

 

 

17,5 %

     Instituteurs   

     PTT               

     Cantonniers  

4

4

3

 

Ouvriers. Femmes de ménage

26

34

Artisans. Commerçants

18

51

     Boulanger

     Épiciers

     Cafetiers

     Tailleur

     Couturière

     Menuisiers

     Mécanicien

     Maréchal-ferrant

     Maçons

     Moulin à huile

1

3

4

1

1

3

1

1

2

1

  7

  6

  6

  2

  1

17

  2

  2

  6

  2

Retraités

10

10

Personnes vivant de l’agriculture

542

 

82,5 %

 

La population de la commune est donc essentiellement ru­rale, sauf les fonctionnaires, les artisans et commerçants locaux dont le travail est directement lié aux activités de cette popu­lation. Nous avons déjà parlé des quelques ouvriers habitant à Claveyson. Ce sont, en général, des enfants d'agriculteurs qui ne peuvent être employés au travail de la ferme. Ce sont parfois des familles qui ne trouvent pas de logement à Saint-Uze mais dès qu'elles ont trouvé à se loger sur place, elles déménagent.

5 jeunes gens ou jeunes filles poursuivent leurs études. C'est un pourcentage extrêmement faible (moins de 1 %). Ceci est dû surtout aux difficultés financières rencontrées par les pa­rents. Ce nombre semble en légère augmentation, 6 élèves rentreront en classe de sixième en octobre 1958.

La pyramide des âges n’est pas très bien équilibrée. Le nombre de personnes de plus de 50 ans est élevé alors que l'on ne constate pas une grande augmentation des enfants après la der­nière guerre comme dans l'ensemble de la France, au moins pour les filles dont le nombre diminue même.

 

Répartition. Habitat

L'habitat est très dispersé. Le village compte 125 habitants seulement (environ 20 %). Un hameau vraiment groupé, Saint-Andéol, les autres sont plutôt des concentrations plus fortes de fermes : les Communaux, Blachette, les Bernards, Choriol… La partie la plus peuplée est la région basse ; la colline de Suze n’a que deux mai­sons dont une toute proche du village ; la colline de Saint-Andéol n’a que des fermes assez dispersées.

Les maisons sont bâties en molasse, pierre du pays. Elles ont, souvent, une forme presque carrée. Le toit est à quatre pentes sous lequel se trouve un grenier ou « galetas ». Le rez-de-chaus­sée comporte une cuisine et une salle à manger. On trouve, le plus souvent, un étage avec 2, 3 ou 4 chambres. Ceci est le type de maison que l’on rencontre le plus souvent, mais on en voit, encore, n'ayant qu'une cuisine et qu'une chambre. Dans ce cas-là, on est obligé de mettre un lit dans la cuisine ou dans un couloir.

 

Les voies de communication

Deux routes départementales traversent la commune : la D 109 qui relie Tain-l'Hermitage à Châteauneuf-de-Galaure et la D 161 de La Motte-de-Galaure à Claveyson. Ces routes, assez étroi­tes, sont assez bien entretenues. Elles représentent une longueur de 7,900 km.

Les chemins ont une longueur totale de 32,100 km : 13,100 km de chemins vicinaux et 19 km de chemins ruraux.

Certains sont goudronnés : route de Villeneuve, route de Saint-Andéol. Les autres sont entretenus par le cantonnier et par pres­tations. Chaque année, on les « recharge » avec des graviers kaoliniques provenant des carrières de Saint-Barthélemy-de-Vals. Certains chemins très fréquentés devraient être goudronnés : chemin de Choriol, route « neuve », chemin de Mureils… Dans les chemins de terre, la pluie forme des trous, cet état est préjudiciable au transport des fruits délicats (fraises, pêches), cela occasionne une perte de temps pour les automobiles, les camions ramasseurs (fruits, lait, œufs, volailles…), les tracteurs qui ne peuvent rouler à allu­re normale. Le gravier kaolinique est, cependant, un très bon re­vêtement pour les chemins de moindre importance, il forme un « glacis » en surface qui empêche à la pluie d'emporter le sable qui s’accumule ici.

 

Commerçants et artisans

Les artisans sont assez nombreux (voir tableau ci-dessus). Leur travail est essentiellement lié à l'agriculture, en parti­culier pour les maçons et le mécanicien surtout, avec le dévelop­pement de la motorisation.

Le moulin à huile traite les graines de colza des cultiva­teurs de Claveyson et de la région. Sa production est d'environ 10 000 litres d'huile par an.

Les produits de consommation courante, quelques articles de mercerie, de droguerie, des graines... peuvent s'acheter chez les épiciers du village. Trois bouchers, un marchand de poissons, des épiciers des villages environnants passent plusieurs fois par semaine. Le boulanger fait aussi plusieurs « tournées » dans la cam­pagne. La commune est donc assez bien desservie.

Pour les achats plus importants, les habitants sont obligés de se rendre dans une ville voisine. Deux entrepreneurs de trans­port ne font d'ailleurs que des services de marchés : lundi, Saint-Donat ; mardi, Valence ; jeudi, Saint-Vallier ; vendredi, Romans ; samedi, Tain.

Pas de marché à Claveyson, seule une foire au mois de novembre où s'installent de nombreux forains : vêtements, tissus, matériel agricole... Cette foire, à l’origine, était surtout un marché de bestiaux. Avec le développement des transports automobiles, la vente des animaux se fait davantage à domicile, et le nombre de bêtes amenées sur le foirail diminue. Des marchés s'y concluent cependant. C'est, d'autre part, une occasion, pour les paysans de la région, de se rencontrer, de discuter, d'apprécier certains animaux. Un concours de bovins, de vaches laitières, provoquerait peut-être un intérêt nouveau à cette foire.

Un marché de vente de fruits et légumes a été créé en 1956, nous en reparlerons lorsque nous verrons l'écoulement des produits.

 

Électrification

Aujourd'hui, la presque totalité des fermes (sauf 2 ou 3) est électrifiée. En 1930, le village et quelques fermes voisines, seulement, bénéficiaient de l’éclairage électrique.

 w-26-electrification.jpg

II semble que cette première tranche d’électrification da­te de 1910.

Jusqu'en 1956, la tension du courant distribué était de 150 volts ce qui créait des difficultés énormes pour l'achat du matériel. Actuellement, on a standardisé le réseau en 220/330 V.

Le courant-force n'est pas très utilisé. Les agriculteurs, ayant acheté un tracteur, envisagent plutôt de s'en servir comme source motrice. C'est une bonne utilisation, car les petites pro­priétés ne permettent pas d'employer les tracteurs un nombre suffisant d'heures.

 

Adduction d’eau

Une partie de la commune est alimentée par le réseau Claveyson -- Saint-Vallier qui alimente aussi le village de Saint-Uze : village et quelques fermes situées près de la conduite principale. Le captage se fait sur les communes de Ratières et Saint-Avit aux quar­tiers de Sermeret et de la Mare des Goutoules, à la limite de la commune de Claveyson.

Ces conduites sont en mauvais état. Le réservoir est à une altitude trop faible par rapport à celle du village et l'eau ne peut arriver jusqu’à certaines maisons.

II existe aussi un réseau particulier appartenant à une di­zaine de propriétaires groupés dans une société nommée « La socié­té des eaux de Fontanaure ». Le captage se fait sur les pentes de la colline de Saint-Andéol, à l'est du quartier de Choriol. Cette sour­ce alimente une dizaine de fermes du sud-ouest de la commune. Son débit est insuffisant pour les besoins d'une exploitation (15 li­tres par minute).

Les autres fermes sont alimentées soit par des sources par­ticulières (10), soit par des puits (75), soit par des citernes (8).

Actuellement, un projet est en cours d’exécution. Il fait par­tie du projet général des « Eaux de la Valloire » qui alimentera la plus grande partie du nord du département. Ce projet qui, par la suite, prévoit la distribution de l'eau dans la plupart des fermes (si le prix n'est pas trop élevé), sera d'autant plus inté­ressant s’il permet d'irriguer certaines cultures délicates (tabac, cultures maraîchères...) comme on l'a laissé entendre aux agriculteurs. Ceci semble, cependant, assez aléatoire car la région de distribution est très étendue.

La mise en service de ce réseau doit se faire le plus rapi­dement possible car une analyse, faite en 1944, à la- fontaine du village donne les renseignements suivants : « Eau contaminée par les germes se rencontrant dans les ma­tières fécales et les matières en putréfaction. Eau à surveiller ».

 w-27-aduction-eau.jpg

 

RÉPARTITION DE LA SUPERFICIE

 

Superficie totale                        1 575 ha

Superficie cultivée                     1 139 ha        72 %

Bols, landes                                  406 ha        26 %

Terrains bâtis, routes, place            28 ha          2 %

 w-28-repartition-terres.jpg

Les terrains non cultivés occupent une grande partie du sol (plus du quart). Ce sont surtout les bois recouvrant la plus gran­de partie des collines.

Évolution

 

 

1827

1882

1814

1957

Terres labourables

955

734

1165

990

Prairies artificielles

 

200

 

 

Vignes

18

37

34

85

Prairies naturelles

31

35

26

47

Bois

493

481

293

367

Jardins

 

2

3

4

Parcs

 

1

1

1

Vergers

 

1

1

12

Landes

73

50

34

38

Terrains bâtis, routes

26

27

27

28

Rivières

13

 

 

 

Terres labourables, prairies, vignes, vergers, jardins, jachères

1 004

1 090

1 230

1 159

 

Pour 1827, il est possible qu'une partie de la surface comptée comme « landes » soit en réalité en « jachère».

La superficie agricole semble avoir augmentée au XXe siècle. Cette augmentation est peu sensible. Il est d'autant plus diffici­le de se rendre parfaitement compte de ces variations que ces sta­tistiques ne sont pas toujours rigoureuses. En 1957, par exemple, on relève 12 ha de vergers, alors qu'en totalisant la superficie  de chaque exploitation on arrive à 37 ha. Actuellement, quelques ter­rains difficiles à travailler ont été abandonnés. Malgré tout, la surface cultivée reste sensiblement la même.

Nous verrons plus loin la répartition de cette superficie pour les différentes récoltes.

 

LA STRUCTURE RURALE

 

Le cadastre a été établi en 1827 : Il a été refait en 1949. Les parcelles sont souvent petites, résultat de partages successifs entre les enfants de la famille. Ces petites parcelles sont quelquefois encore partagées pour la culture ; certains champs n'ont guère plus d'un are, Depuis l’apparition massive des tracteurs, on tend tout de même à cultiver de plus en plus la même culture sur la même parcelle, Le quartier où l'on trouve les plus grands champs est Choriol, les plus petits se trouvent sur les collines où l'on exploite un coin dès que la topographie le per­met. Les plus grandes parcelles de propriété du quartier de Choriol attei­gnent 10 ha car la propriété dans ce cas-là est très groupée (voir extrait du plan cadastral) mais c'est une exception, en général elles ne dépassent guère 1 ha. Même dans le cas cité, les parcelles de culture ne dépassent guère 1 ha. La moyenne se situe à un demi-hectare environ, souvent beaucoup moins. Le deuxième extrait cadastral en est la preuve et pourtant le quartier des Bernards est relativement plat. D'autre part, certaines fermes sont extrêmement morcelées. Des terres très éloignées de l'exploi­tation proviennent d'héritages. La polyculture demande également une gran­de gamme de terrains, pour les cultures sarclées et les céréales, pour la vigne, pour les prairies naturelles. Pour y arriver, on acquérait des ter­rains dans les terroirs désirés. Certaines parcelles sont à 4 km de la ferme. Les transports même s'ils sont diminués en durée par la motorisa­tion, sont une perte de temps, une fatigue supplémentaire, une consommation accrue de carburant. Certains agriculteurs ont effectué des échanges de terrains à l'amiable mais cette pratique est peu courante. II faut envi­sager un regroupement des terres. Le conseil municipal a commencé d'étu­dier la question du remembrement. Mais les adversaires sont certainement plus nombreux que les partisans, et sa réalisation ne se fera pas sans difficulté. La question qui soulève le plus de discussions est celle de « l'équivalence de la valeur de productivité des terres». Les terrains de la commune sont très inégaux et il sera très difficile de diviser le ter­ritoire en « zones de même valeur de productivité », II faudra tenir compte de certains arguments avancés, par exemple : certains agriculteurs se sont spécialisés dans la production fruitière, ils envisagent de planter sur de nouvelles parcelles et ils craignent que le remembrement leur attribue des parcelles ne correspondant pas à leurs projets. Il faut espérer que ces difficultés s'atténueront devant les avantages attendus :

- Facilités apportées à l'exploitation agricole des terres : Gain de temps dans l'exécution des façons culturales plus efficaces et plus complètes. Emploi généralisé des machines à plus grand travail et meilleure utilisation. Meilleure organisation du travail.

- Augmentation de la productivité de l’exploitation agricole : Modifi­cation des systèmes de culture. Modification des assolements. Accroissement des rendements. Développement des améliorations foncières.

- Conséquences économiques : Diminution des frais de culture. Augmentation de la valeur vénale des terres. Augmentation de la valeur locative.

- Conséquences sociales :  Maintien à la terre des familles paysannes.

 

La propriété bâtie

Ce qui frappe en arrivant à une ferme est le nombre de petits bâtiments aux toits de différentes hauteurs, et, parfois, dans des plans différents. Ils ont été construits au fur et à mesure des besoins et des possibilités financières. Les murs sont en molasse, rarement crépis. Les différents bâtiments sont disposés autour d’une cour, la maison d'ha­bitation au nord, sa façade vers le sud ; un bâtiment pour le logement des animaux : vaches, cheval, chèvres le plus souvent dans la même pièce ; au-des­sus, un grenier, la fenière où l’on range le fourrage que l’on fait descen­dre par des trappes au-dessus de chaque râtelier ; d’autres petits locaux servent de poulailler, de porcherie et à côté on trouve souvent un petit appentis abritant la chaudière ; un ou deux hangars ouverts servent à ran­ger le matériel et les outils. Dans un coin de cette cour, on trouve la  «paillère» et dans un autre le tas de fumier.

Les fermes sont toutes assez anciennes, elles datent de la fin du 18e siècle et du I9e, très peu sont du 20e. Elles ont parfois été construi­tes avec les pierres de démolition du château.

Le logement du personnel ne pose pas de problèmes car il est rare qu'on emploie des ouvriers n'habitant pas la commune. Dans les rares cas où l’on a des employés en permanence, ils sont logés dans une pièce de la maison d'habitation.

L'aménagement intérieur est assez précaire. Souvent, on ne trouve qu'une salle commune servant de cuisine et de salle à manger (ce terme, dans la ré­gion désigne une salle où l’on mange lorsqu'il y a des invités). La chemi­née subsiste parfois et l'hiver de gros morceaux de bois brûlent dans l’â­tre. Dans cette pièce, le mobilier est réduit : Une grosse table, un buffet ou une garde-robe en tenant lieu, des chaises, un fourneau, quelques étagères. Près de la cuisine, un petit réduit sert d'évier et souvent de laite­rie. Il est rare de trouver l'eau dans la maison, on va la chercher dans la cour. Les autres pièces sont les chambres meublées d'un lit en bois et d'une armoire. Ce sont de vieux meubles de noyer.

Depuis quelques temps, on tâche d'améliorer les conditions de vie. On chan­ge le vieux fourneau noir, héritage des parents, on fait badigeonner la cuisine. Mais les améliorations plus importantes et engageant une somme plus importante d'argent sont rares. De 1950 à 1957, une dizaine de pro­priétaires seulement ont sollicité des subventions auprès du Génie rural. 1 664 676 F (crédit d’état) correspondant à 4 934 943 F de travaux et 123 750 F (crédit départementaux) correspondant à 412 500 F de travaux ont été alloués. Des subventions plus importantes et des prêts avantageux permettraient à ceux qui n'en ont pas les moyens d'améliorer des conditions d'existence que l’on ne devrait plus voir à l'ère de l'énergie ato­mique !

En plus des bâtiments déjà signalés, les agriculteurs ont souvent creu­sé, dans la molasse des « baumes » soit pour ranger le matériel, soit pour servir de cave ou de silo où l'on range les pommes de terre et autres tu­bercules.

 

Valeur des terres

La valeur vénale est très variable. Elle se situe à environ 250 000 F mais certaines terres plus riches peuvent atteindre 400 000 F/ha. La valeur locative est variable aussi suivant les terrains. Pour les bons terrains, elle est de 3 balles de blé, pour les mauvais de 3 balles de seigle. La balle équivaut au quintal métrique (car le quintal de la commune n’est que de 50 kg). Cette location varie donc de 5 500 F à 9 000 F environ.

 

Les propriétaires

La plupart des agriculteurs sont propriétaires-exploitants.  On compte 16 fermiers sur la commune dont 3 sont parmi les exploi­tations les plus étendues (« fermes du château »).

 

 

L’EXPLOITATION AGRICOLE ET SA CONSTITUTION

 

On compte 137 exploitations de 2 à 34 ha se répartissant ainsi :

 

superficie

 

Nombre d’exploitations

 

%

 

surface  totale

 

%

 

de  I à 5  ha

 

31

 

22,6

 

90,5 ha

 

6,3

 

de  5  à 10 ha

 

41

 

30

 

312  ha

 

21,9

 

de  10  à 20  ha

 

53

 

38,6

 

730 ha

 

51,4

 

plus  de  20 ha

 

12

 

8,7

 

290 ha

 

20,1

 

 

La moyenne des propriétés est de 10,4 ha. C’est vraiment le régime de la petite propriété. Les transactions sur les terrains sont assez ra­res. Dès qu'ils en ont la possibilité et qu'un lopin de terre se présente, les agriculteurs tentent de l'acquérir pour augmenter la superficie de leur exploitation.

Nous avons vu plus haut que la majorité de ces propriétés étaient exploitées par le propriétaire lui-même (16 fermiers) mais souvent, en plus de ses terres, l'agriculteur loue un champ ou deux (l ha environ) intéressants par leur proximité de la maison ou parce que les aptitudes de ce champ lui permettent de faire une autre culture.

L’époque normale de cession des terres ou des fermes est La Toussaint. Les récoltes ont été rentrées et les semailles ne sont pas encore faites.

Une ancienne mesure est encore employée, c'est la sétérée qui vaut d’après l'état de section de 1827 : 34 ares 19 m². Pratiquement, elle vaut 1/3 d'hectare.

 

LA PARTICIPATION DU TRAVAIL À LA MISE EN VALEUR DU SOL

 

La main d'oeuvre familiale

Sur chaque propriété, travaillent l'exploitant, sa femme et, parfois, un fils ou une fille. Les parents de l’exploitant s'occupent souvent des menus travaux : jardinage, bois. II faut compter en moyenne un homme actif pour 7 ha.

Les ouvriers agricoles

Les exploitations employant un ouvrier en perma­nence sont rares, la petite propriété et la polyculture demandent seule­ment des ouvriers temporaires au moment des travaux pressants. Le déve­loppement des cultures fruitières accentue encore ce caractère. Ce sont surtout de petits propriétaires qui vont travailler quelques jours chez leur voisin. Il est très difficile de trouver une main d’œuvre temporai­re au moment de la cueillette des fruits, ceux qui ne possèdent pas ou peu de terres préfèrent aller travailler dans les usines de Saint-Uze.

 

 

Moins

de 15 ans

De

15 à 60 ans

Plus

de 60 ans

Total

H

F

H

F

H

F

Main d’œuvre permanente

Famille

Salariés

20

20

195

182

55

58

530

 

 

12

 

 

 

12

Total Main d’œuvre permanente

542

Main d’œuvre temporaire

 

 

10

20

 

 

30

 

II est très difficile de savoir quel est le montant des salaires. Pour un ouvrier permanent, nourri à la ferme, il n'est guère supérieur à 500 F par jour mais de temps en temps on lui donne des produits en nature (pom­mes de terre, vin, fruits...) qu’il est très difficile de chiffrer. Pour les ouvriers temporaires, venant travailler une ou deux journées de suite, le salaire doit être environ de 1 000 F par jour.

 

Les conditions de travail

 

Elles sont les mêmes pour le propriétaire que pour les ouvriers.

Horaire d’été : Lever, 4 heures et demie - 5 heures ; travail jusqu'à midi ; sieste de 13 h à 15 h ; travail jusqu'à 20 h 30 - 21 h ; coucher à 22 heures.

Horaire d'hiver : Lever, 6 heures (c’est surtout le passage du laitier qui le conditionne : début du ramassage à 5h, il faut que la traite soit faite) ; travail jusqu'à midi et de 13 h à 17 h. Coucher à 21 heures.

La polyculture demande un travail varié et constant. Il n'y a pas de périodes vraiment sans travail. Les périodes de pointe sont surtout au printemps et au début de l’été : plusieurs récoltes se suivent et mê­me se chevauchent : asperges, fraises, cerises, fourrage et premières pêches.

 

Les artisans ruraux

 

Depuis un an, il n'y a plus de maréchal-ferrant. Un ancien charron reste encore, mais il travaille ses terres et le peu de charronnage qu’il peut faire n'est plus qu'un travail accessoire.

Le moulin à huile fonctionne toujours. Il traite environ 600 kg de graines de colza par semaine. Mais son travail ne se limite pas seulement à Claveyson, les clients se répartissent sur 15 communes. Sur la quantité traitée, 2 600 kg sont fournis par la commune de Claveyson. Avant 1939, on traitait en outre 2 000 kg de noix pour la commune. L’utilisation de la moissonneuse-batteuse pour la récolte du colza pourrait donner un élan nouveau à cette culture.

Le mécanicien, avec le développement de la motoculture, prend de plus en plus d'importance à la campagne. En plus des réparations de voitures, camion­nettes, tracteurs, il lui est souvent demandé de faire une soudure, de répa­rer un outil, etc. En plus de ces travaux, il assure la vente des tracteurs et du carburant.

 

CALENDRIER DES DIFFÉRENTS TRAVAUX AU COURS DE L’ANNÉE

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LES SYSTÈMES CULTURAUX

 

Un sol assez pauvre, un climat irrégulier, le manque d’eau ont amené la polyculture. Chaque ferme avait une économie autarcique. On produisait tout ce que l'on pouvait pour la consommation du ménage et de l’exploitation. La nourriture était issue de la ferme : blé, pommes de terre, légumes, viande (lapins, volailles, porcs, chevreaux), lait, fromages (chèvres), huile (colza), vin. Les aliments du bétail étaient également produits à la ferme : fourrage, betteraves, topinambours, grains (avoine, seigle, maïs…). Le chauffage était assuré par le bois que l'on coupait sur la propriété. Le fumier constituait le seul engrais. On vendait peu, on achetait peu. Les rendements, dans ces conditions, étaient très bas, les conditions naturelles ne se prêtant pas également à toutes les cultures.

La première spécialisation a été la culture de l’asperge. Le sol sableux convient particulièrement à cette plante. Puis est venue la culture du tabac qui, malgré un travail énorme, permettait une rentrée assez importante d'argent, ce qui autorisait d'envisager des dépenses un peu plus conséquentes. Actuellement, il semble que les agriculteurs de Claveyson s’intéressent de plus en plus aux spéculations fruitières : pêchers, abricotiers (que l'on ne plante plus depuis que des gelées ont détruit les récoltes plusieurs années de suite), cerisiers, fraisiers, cassissiers. Les plantations sont de plus en plus nombreuses alors que les cultures de l'asperge et du tabac sont stationnaires et semblent même amorcer une certaine baisse.

Comme nous l'avons déjà vu, le sol est léger, siliceux ; il repose sur un sous-sol sableux également, le tout sur une roche-mère molassique. Aucun espoir pour que des façons profondes ne viennent fouiller un sous-sol de nature différente. Ces sols sont relativement faciles à travailler. Ils s'échauffent vite ; si l'on résout le problème de l'eau, nous aurons des terres saines, favorables à un développement de certaines cultures fruitières et maraîchères.

Les productions animales ne sont pas très importantes. Chaque ferme a, au moins, 2 vaches, 4 ou 5 chèvres, 20 à 30 poules, une vingtaine de lapins, de 1 à 3 porcs. Les petites fermes ne permettent pas d'élever des troupeaux importants. L'élevage des vaches laitières, seul, est envisagé.

Sur la page suivante, les trois graphiques montrent la répartition des terres de 3 exploitations moyennes de la commune. Ils indiquent l’évolution signalée plus haut. A... est une ferme qui continuent les cultures traditionnelles. M… et C… ont abandonné la culture du tabac, et se sont orientées vers les cultures fruitières et la vigne. Le nombre de têtes de bétail reste sensiblement le même.

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Plantation d’asperges après la période de la récolte, en juillet. Les tiges commencent à s’élever au-dessus du sol

 

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Maïs : au premier plan, maïs-fourrager en cours d’exploitation. Derrière, maïs-grain.

 

LES PRODUCTIONS VÉGÉTALES

 

MATÉRIEL  ET   OUTILLAGE

 

Le matériel d'extérieur que l'on trouve dans la plupart des fermes, est le suivant :

2 charrettes

1 tombereau

1 ou 2 remorques, s’il y a un tracteur

2 charrues ordinaires

1 charrue brabant

1 houe à cheval (bineuse)

1 herse canadienne ou 1 cultivateur ou 1 extirpateur

1 herse ordinaire

1 rouleau lisse (appartenant, parfois, à 2 ou 3 propriétaires)

1 faucheuse

1 râteau à cheval

1 traîneau

1 pulvérisateur à dos

1 brouette, pioches, râteau à main, etc...

Dans certaines fermes, on trouve également :

1 pulvérisateur à moyenne pression (pour cheval ou pour tracteur)       

1 moissonneuse-lieuse

1 faneuse

Ce matériel caractérise une région de petites propriétés et de polyculture. II est parfois assez vétusté car on ne peut le changer que lorsqu'il est hors d'usage. Les cultivateurs, voulant orienter leur exploitation vers les cultures fruitières, par exemple, doivent résoudre le problème d'un matériel spécialisé, coûteux (pulvérisateur, atomiseur).

Certains outils d'un intérêt indéniable n'existent pas encore dans la commune : charrues à disques, pulvériseurs, rouleaux cannelés, cultipackers, etc.

Le matériel est acheté chez les marchands de machines agricoles de La Motte-de-Galaure, Châteauneuf, Romans. Les réparations sont, le plus souvent, faites chez les artisans locaux. Chaque cultivateur possède un petit outillage permettant l’entretien courant. Malheureusement, des bâtiments, souvent trop exigus, ne permettent pas un rangement complet du matériel qui reste exposé aux intempéries et se détériore ainsi plus rapidement.

L'attelage que l'on rencontre, le plus souvent, est le mulet. Les chevaux sont de moins en moins nombreux : il n'y a plus de maréchal-ferrant au village ; comme le mulet a le sabot plus solide, on ne le ferre pas. Le nombre de bœufs est très faible. On attelle encore quelques vaches dans les petites exploitations ou pour certains travaux comme les binages mais ce mode d’attelage tend à disparaître. Le nombre de tracteurs a considérablement augmenté ces dernières années. On en comptait 53 en 1957. Toutes les exploitations de plus de 20 ha ont un tracteur, la moitié pour celles ayant de 10 à 20 ha, le quart pour celles de 5 à 10 ha, soit en moyenne 1 tracteur pour 22 ha de terres cultivées.

Pour les travaux de la ferme, on compte 10 moteurs à essence mais chaque tracteur peut, grâce à la poulie, se transformer en moteur fixe. Les moteurs électriques sont peu nombreux, rares sont les fermes ayant une installation « courant-force ».

Le nombre de tracteurs est supérieur à la moyenne pour une région de petites propriétés. C'est la première amélioration que l'on apporte. Le cultivateur recherche surtout à rendre son travail moins pénible et par là même à en faire davantage. On peut, cependant, citer plusieurs associations de deux cultivateurs pour un seul tracteur.

Pour que l’emploi de ces machines soit rentable, il faut en envisager le plein emploi, ce qui est assez difficile dans les petites propriétés. L'utilisation comme moteur fixe est un moyen. Ceci permettra l'emploi de scies, concasseurs, coupe-racines, pompes pour irrigation...

Les petits propriétaires, non encore « motorisés », devront s'assembler à deux ou trois pour pouvoir acquérir, à leur tour, le tracteur dont ils ont besoin. Une ferme de 5 à 10 ha n'en a pas besoin tous les jours et une association est fort possible.

Malgré l'achat d’un tracteur, on a en général gardé une bête de trait, un mulet le plus souvent. Cette bête ne travaille que très rarement. Il serait préférable de dresser une vache, puisqu’on en trouve dans chaque ferme, cet animal serait plus productif que le mulet car, en plus de son travail, il produirait un veau et un peu de lait. Certains agriculteurs ont déjà adopté cette méthode.

 

Valeur de l’outillage d’une ferme (valeur à l'état neuf)


2 charrettes                                                     140 000 F

1 tombereau                                                      80 000 F

2 charrues                                                         36 000 F

1 décavaillonneuse                                             15 000 F

1 charrue brabant double                                    95 000 F

1 herse                                                             12 000 F

1 cultivateur                                                     40 000 F

1 bineuse                                                         25 000 F

1 rouleau lisse                                                  80 000 F

1 faucheuse                                                   110 000 F

1 râteleuse                                                       55 000 F

1 traîneau                                                          6 500 F

1 sulfateuse à dos                                            14 000 F

1 brouette                                                         9 500 F

1 râteau à bras                                                  4 000 F

1 faux                                                              2 000 F

5 pioches                                                          2 000 F

6 fourches                                                        4 500 F

3 bigots                                                            3 000 F

1 égreneuse à maïs                                            2 000 F

1 coupe-racine                                                 15 000 F

1 chaudière                                                     40 000 F

2 harnachements complets                                80 000 F

1 Cuve en ciment                                             25 000 F

15 tonneaux                                                     45 000 F

6 bennes                                                          10 800 F

10 paniers                                                         5 000 F

3 seaux                                                             4 500 F

2 arrosoirs                                                         3 000 F

3 échelles.                                                         6 000 F       

2 escabeaux                                                       5 000 F

                            

                           Soit au total :                             974 800 F

 

Cette évaluation est valable pour une ferme sans tracteur. Avec un tracteur, il y a lieu d'enlever le prix d'une charrette. Si le tracteur est à essence, l’évaluation totale du matériel se situe environ à 1 600 000 F et si c'est un tracteur diesel à 2 000 000 F.

Ces évaluations ne tiennent compte que du matériel le plus répandu. On devra ajouter pour certaines fermes : une moissonneuse-lieuse, un pulvérisateur porté (tracteur), un moteur, une camionnette, etc.

 

 

LES SPÉCULATIONS VÉGÉTALES

 

Les jardins

Chaque famille a son jardin, les habitants du village comme les cultivateurs. Le jardin de la ferme est en général tout près de la maison d'habitation. La surface totale des jardins de la commune est de 4,13 ha soit en moyenne 250 à 300 m par jardin.

Étant près de la ferme, le jardin est clos pour empêcher aux volailles en liberté d’aller endommager les semis et plantations. Cette clôture est constituée soit par un grillage, soit par une palissade très serrée, soit par un mur surmonté parfois d'une grille.

Les travaux pénibles sont, en général, assurés par les hommes mais, le plus souvent, les travaux de semis et d’entretien sont faits par les femmes. Si un homme âgé vit à la maison, les travaux des champs étant trop pénibles pour lui, c'est à lui qu'incombe l'entretien du jardin.

Les légumes cultivés sont ceux que l'on ne cultive pas dans les champs : salades, pois, haricots, tomates, aubergines, endives, pommes de terre précoces, ails, oignons... Les carottes, les cardons sont, en général, cultivés en plein champ.

Le jardin, étant seulement destiné à fournir les légumes de la maison, ne fait pas l'objet de soins particuliers. La fumure organique y est abondante et régulière. La fumure minérale y est peu employée. La lutte contre les mauvaises herbes y est assurée par des travaux fréquents : binages, sarclages...

Dans presque tous les jardins, on trouve le coin des fleurs dont l'entretien est assuré uniquement par la femme : œillets, chrysanthèmes, glaïeuls, dahlias, pivoines.

Pour améliorer la production du jardin, il serait bon d'y faire intervenir une rotation systématique des plantes à racines, plantes à feuilles, plantes à fruits et à graines. Il serait bon, également, de renouveler plus fréquemment les graines qui sont, le plus souvent, produites à la ferme. L'emploi des engrais chimiques, en association avec le fumier, doit être étendu.

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LES  CULTURES DE PLEIN CHAMP

I.  CULTURES PÉRENNES OU VIVACES

LES PRAIRIES PERMANENTES

Les prairies naturelles occupent une superficie de 47 ha ce qui correspond à une moyenne de 50 ares par exploitation. Elles n’affectent donc qu'une surface relativement faible. Ceci s’explique par le fait que l'élevage n'est pas très important et que les rendements sont médiocres. Aussi, les cultivateurs préfèrent les prairies artificielles.

Les prés se trouvent surtout de chaque côté du Bion et en par­ticulier sur la rive nord. Ils occupent les terrains humides. Il a fallu, parfois creuser des fossés de drainage pour les assainir.

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Fossé de drainage dans une prairie à 1’ouest du village

 

État de ces prairies : ces terrains ont toujours été occupés par des prairies. La couche superficielle du sol est constituée par un feutrage de vieilles racines qui asphyxie les plantes fourragères.

La flore est très médiocre :

Graminées : fétuque élevée et fétuque ronge, avoine élevée, trisète jaunâtre, pâturin des prés, dactyle aggloméré, houlque laineuse, phléole; brachypode, agrostis.

Légumineuses : trèfle blanc et trèfle violet, lotier corniculé, luzerne lupuline (minette), gesse des prés, anthyllis. Les légumineu­ses sont en très faible quantité.

Par contre les mauvaises herbes pullulent. En plus des brachypodes et des agrostis, on trouve : l’oseille, la marguerite, les renon­cules, le céraiste, le lychnis fleur de coucou, le pissenlit, les crépis et les picris, des gaillets, des carex, des joncs, des prêles, du bugle rampant, du plantain, de la centaurée jacée, du salsifis, des scabieuses, des pâquerettes, des primevères, de l'ononis spinosa (arrête-boeuf), des colchiques à l’est du village.

Entretien : Au printemps, on pratique, généralement, un hersage ayant pour but d'arracher la mousse et de favoriser une aération de la surface du sol. C'est la seule façon culturale.

Fertilisation : Lorsqu'il y a excès de fumier à la ferme, on en épand un peu sur les prairies mais ce n'est pas systématique. Ceux qui ont une fosse à purin en épandent parfois à la fin de l'hiver ou au printemps. Mais il arrive aussi que ces prairies ne reçoivent au­cun élément fertilisant dans l’année. Quant aux engrais chimiques, leur emploi sur prairies est pratiquement inexistant. Leur prix élevé les fait réserver aux cultures plus rentables.

Exploitation : On coupe le fourrage après le 15 juin et, même début juillet. Cette coupe est beaucoup trop tardive : les mauvaises herbes ont grainé depuis longtemps et se sont multipliées ; les graminées sont presque sèches et ont perdu leurs éléments nutri­tifs au profit de la graine ce qui a épuisé la plante et entrave­ra le démarrage ; elles se sont chargées de cellulose et donnent un foin peu digestible, de faible valeur. Si le climat de l'année est favorable, on coupe un « regain » ; le plus souvent on y fait pâ­turer les animaux. Mais le manque de légumineuses montre que les pâtures ne sont pas assez nombreuses.

Améliorations à apporter

Comme nous venons de le voir, ces prairies n'ont pas une grande valeur. Le meilleur moyen serait de les refor­mer; nous verrons plus loin comment on pourrait refaire de nouvel­les prairies. Cette réfection des prairies n'est pas encore rentrée dans les habitudes des paysans ; avant d'arriver à cette étape, on peut envisager l'amélioration des prairies existantes en dévelop­pant la fertilisation, les façons culturales et par une exploita­tion rationnelle :

Fertilisation : Une fumure copieuse est nécessaire pour obtenir de bons rendements et une herbe nutritive ;

Fumier : Si le fumier est abondant dans l'exploitation, on peut épandre un fumier bien décomposé à l'automne ou en hiver. On peut aussi utiliser des composts.

Purin : II donne de bons résultats mais il faut le compléter par un engrais phosphaté : scories de déphosphoration préférables dans nos terres souvent décalcifiées. Dilué dans trois à cinq fois son volume d'eau, il doit être employé à la dose de 15 à 25 m3 pendant l’hiver.

Azote : Dans ces vieilles prairies, il existe une quantité d'azote très importante sous forme organique, malheureusement cet azote n'évolue pas, et les plantes ne peuvent en profiter. II serait bon d'apporter 30 à 40 unités d'azote pendant la deuxième quinzaine de février sous forme de nitrate de préférence ; il est utile, également d'en apporter 15 à 20 unités après chaque coupe ou pâtura­ge. Un apport de chaux permettrait de mobiliser une partie de l'a­zote du sol, en favorisant la nitrification.

L'azote favorise le développement des feuilles, augmente la teneur du foin en éléments azotés mais il augmente la proportion des graminées, il ne faudra donc pas forcer les doses au début car nous avons vu que les légumineuses étaient en très faible propor­tion.

Acide phosphorique : Par contre, l'acide phosphorique favorise le développement des légumineuses. Les terrains de la commune sont en général acides, on préférera les scories à raison de 400 à 500 kg par ha tous les ans ou mieux encore 800 à 1000 kg tous les 2 ans, ce qui économise un épandage.

Potasse : Elle favorise aussi le développement des légumineuses. On apportera environ 150 kg/ha de chlorure de potassium ou 400 à 500 kg de sylvinite riche.

Les cultivateurs trouveront certainement que cette fumure est trop coûteuse. Pour leur montrer les bienfaits de la fumure, on pourrait alors leur conseiller de l'échelonner ainsi : 1ère année, fumier ou compost ; 2ème année, purin et fumure phosphatée (1 000 kg de scories) ; 3ème année, fumure potassique (150 kg de Cl H) et fumu­re azotée (150 kg de nitrate de chaux ou d'ammonitrate).

La moitié de la fumure (fumier et purin) sortant de la ferme, ils accepteront plus volontiers cette méthode.

 

Façons culturales

Les hersages : ils sont, en général, pratiqués. On peut en pro­fiter pour enfouir les engrais. Si l'on ne veut pas refaire com­plètement les prairies, il serait bon de les régénérer d'une façon plus profonde que le hersage en ouvrant des saignées dans la terre à l'aide d'un scarificateur ou d'un régénérateur de prairies (dents en lames de couteau plus fortes).

Il serait bon de pratiquer également l’étaupinage, pour facili­ter la marche des faucheuses, et l'ébousage pour éviter le dévelop­pement des refus.

La destruction des mauvaises herbes : elle s'avère nécessaire dans certains cas. Comme les étendues ne sont jamais bien grandes, elle peut se faire à la main pour certaines espèces (chardons, col­chiques, rumex). Le chaulage permet d'éliminer les plantes aimant les terres siliceuses et acides (oseille, ajoncs…), une amélioration du drainage celles qui aiment les terres gorgées d’eau (joncs, carex, prêles, renoncules…). On peut également employer des moyens chi­miques (sylvinite, hormones). Si le hersage ne suffit pas, on peut dé­truire les mousses avec du sulfate de fer. Si les mauvaises herbes ont pris une importance trop grande, il faut envisager de détruire la prairie et sa réinstallation.

L'exploitation rationnelle : la meilleure exploitation est la pâture, car elle conserve à l'herbe le maximum de qualité, c'est aus­si la meilleure marché :

Herbe pâturée                       prix de revient    1

Foin- Ensilage                      prix de revient    2 à 2,5

Betteraves fourragères          prix de revient.   3

Grain                                    prix de revient    3 à 3,5

Concentrés-Tourteaux         prix de revient    4 à 6

Cependant, il n'est pas question, ici, de ne pratiquer que la pâtu­re. Il faut, d'abord, récolter du foin pour l'hiver; ensuite un pâturage trop poussé ferait disparaître les graminées au profit de cer­taines plantes aimant la lumière comme les pâquerettes et le trèfle blanc. Chaque fois qu'il est possible, on fera alterner la fauche et la pâture. Pour la fauche, il faut couper très tôt, avant épiaison to­tale des graminées. Le dactyle, par exemple, est à son maximum de va­leur bien avant épiaison. Il faudra, donc, faucher les prés vers la fin mai, début juin au plus tard, c'est à dire un mois avant la date habituelle. Cette coupe précoce garde au foin toute sa valeur. Les plantes n'ont pas été épuisées par la formation de la graine, elles peuvent profiter des dernières pluies de printemps, surtout si on a fait un épandage d'azote après la fauche. La pâture peut commencer lorsque l'herbe atteint 8-10 cm, l’optimum est vers 12-15 cm ; si l' herbe dépasse 25 cm, la consacrer à la fauche.

Le pâturage ne doit pas se faire sur toute la surface à la fois. Une surface de 50 à 70 m² est nécessaire par vache et par jour. Plu­sieurs agriculteurs ont déjà fait l’acquisition de clôtures électri­ques. En général, ils s’en servent pour enclore tout le champ et les animaux repassent toujours aux mêmes endroits. Il faut que les plan­tes reconstituent leurs réserves entre deux passages, ce repos entre deux pâtures doit être environ d'un mois, il varie avec le climat de l'année. On devra donc fragmenter la prairie et laisser les vaches 3 ou 4 jours sur chaque parcelle.

Exemple : une prairie de 60 ares, 2 vaches. Une vache a besoin de 50 m² par jour ; on fera des parcelles de 400 m² où on laissera les animaux pendant 4 jours. On au­ra ainsi un excellent pâturage pendant 15 jours. On pourra à nouveau remettre les bêtes lorsque l’herbe de la première par­celle atteindra 8 à 10 cm. Après chaque passage, il est bon d'apporter un peu d'azote qui favorise le démarrage. Exploitée de cette façon et malgré les frais occasionnés par l'achat des engrais et des clôtures, la prairie sera beaucoup plus rentable qu'actuellement.

Les petites propriétés sont nombreuses dans la commune et l'on doit donc rechercher un rendement maximum à l'hectare. Il faut faire rentrer les surfaces consacrées à la prairie dans l'assolement et, pour cela, adopter les prairies temporaires. Chaque fois qu'il est possible, il ne faut pas semer ces prairies sur les vieilles prairies permanentes : le travail de « décroutage » est difficile (on ne possède pas de machines appropriées comme le "rotavator").

On n'utilise pas bien la matière organique du sol. La nouvelle prairie risque de comporter de mauvaises plantes vivaces : colchiques, renoncules, ononis, ajoncs.

On sera cependant obligé d’adopter cette méthode dans certains cas : sols trop humides à l'ouest du village et si l'on veut conserver un pâturage proche de l'exploitation. Le labour de la vieille prairie se fera au cours de l’hiver avec apport de 100 kg de Cl K, 400 kg de scories. En avril, on fera des travaux superficiels pour obtenir une terre nivelée et assez fine. Début mai, on sèmera une plante fourragère, maïs-fourrage de préférence, à la volée, assez épais ce qui donnera une végétation dense qui étouffera les plantes de la vieille prairie. Pour obtenir un maïs ayant une bonne valeur alimentaire, une croissance rapide et un fort pouvoir d’étouffement, on pourra apporter 100 kg d'ammonitrate au semis et 100 kg quand le maïs aura 10-15 cm. Le maïs sera récolté de début juillet à début août. Immédiatement après la récolte, on labourera. Il n'est pas obligatoire d'apporter du fumier car l'enfouissement de la vieille prairie a apporté une masse appréciable de matières organiques. On en profitera pour enfouir une fumure phospho-potassique de fond, soit : 1 000 kg de scories en mélange avec 200 kg de chlorure de potassium. On peut également épandre du purin qui favorisera la vie microbienne du sol. On peut favoriser la levée en apportant un peu d’azote au semis. Ce semis se fera, pour notre région, entre le 15 août et le 15 septembre. Les plantes pourront se développer et se fortifier avant l'hiver grâce à l'humidité et à la chaleur de l'automne. L'enfouissement de la vieille prairie donne une terre soulevée qu'il faudra tasser au rouleau. Le meilleur instrument pour ce genre de travail est le cultipacker mais il n’est pas encore connu dans la commune. Il faudra s'efforcer d'obtenir un sol rassis en profondeur et pulvérisé en surface.

Ce qui précède est valable si l'on établit une prairie dans un champ autre qu'une prairie permanente. La préparation du sol sera alors facilitée : labour de 20 à 30 cm suivi d'une préparation du sol en surface. On installera cette prairie après une céréale, de préférence.

Le choix des espèces est assez délicat. On doit tenir compte du climat, du sol (humidité, état calcique), du mode d’exploitation (durée, fauche ou pâture). On devra employer des graines sélectionnées et des espèces dont la productivité est importante et échelonnée dans le temps. On recherchera un équilibre constant entre les graminées et les légumineuses (80 % de graminées pour 20 % de légumineuses). On pratiquera des mélanges simples de plantes ayant le même rythme végétatif et la même force de compétition. Parmi les nombreuses formules préconisées, on peut retenir les suivantes :

Luzerne                         15 kg

Dactyle                            3 à 5 kg

Cette formule assure une durée de 3 ou 4 ans, Elle est résistante à la sécheresse. On peut, par exemple, récolter, fin avril, la première coupe pour l'ensilage ou première quinzaine de mai pour le séchage ; la deuxième coupe est récoltée en juin et la repousse fournit le pâturage au moment de la sécheresse estivale. Le pâturage luzerne-dactyle ne présente aucun danger pour les animaux ; il faut seulement veiller à conserver la proportion de dactyle et pour cela apporter une quantité suffisante d'azote après chaque coupe.

Si le sol ne se dessèche pas d'une façon excessive en été, on peut utiliser la formule suivante :

Dactyle                                      7 kg

Ray-grass d’Italie                        3 kg

Ray-grass anglais                        6 kg

Trèfle blanc                                1 kg

En sol devenant excessivement sec en été :

Dactyle                                     10 kg

Fétuque des prés                         8 kg

Lotier                                          5 kg

En sol ne se desséchant pas l'été et demeurant frais l'hiver :

Fétuque des prés                       20 kg

Trèfle blanc                                1 kg

ou

Dactyle                                     15 kg

Trèfle blanc                                1 kg

ou

Fléole                                         6 kg

Trèfle blanc                                1 kg

Ces trois dernières formules doivent convenir aux prairies humi­des de l’ouest du village d'autant plus que toute les plantes citées existent dans la flore spontanée.

Conservation : le foin est conservé soit en grenier (fenière) ou si l'on n'a pas assez de place en meules. L'élevage n'est pas assez développé pour que l'on ait songé à construire des silos.

Je me suis attaché à cette question beaucoup plus longuement que son importance dans l'économie de la commune ne le méritait mais c’est certainement l'une des cultures demandant à réaliser le plus de progrès. On ne pourra améliorer la qualité des produits animaux que si l'on résout le problème de la production rationnelle du fourrage.

 

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Foin en « cuches » au bord du Bion

 

 

LES CULTURES FRUITIÈRES

 

La situation des diverses cultures établie annuellement par la mairie indique que les vergers occupent 12 ha. Une enquête plus pous­sée permet de compter près de 40 ha et l’on peut prévoir d’ici 3 ou 4 ans, plus de 50 ha, si les conditions économiques et sociales per­mettent cette évolution. Il s’agit donc, ici, d'une culture en plein développement dont les premières plantations ont actuellement de 10 à 15 ans.

Le sol ne convient guère aux céréales et à certaines plantes sar­clées. La sécheresse, au cours des mois d’été les fait souffrir. Les arbres fruitiers, au système radiculaire très développé, vont puiser l'eau dans le sous-sol. Ceci explique, en partie, l’implantation des vergers. D’autre part, l’exemple tout proche de la Vallée du Rhône et l’épuisement des terrains de cette région (Saint-Rambert, par exem­ple), le moyen d'obtenir des rendements meilleurs qu’avec les cultu­res traditionnelles, une bonne organisation du marché (coopérative fruitière) sont d'autres causes de ce développement rapide. Cette culture qui attire un grand nombre d'agriculteurs peut amener bien des déboires s'ils ne peuvent s'outiller convenablement au fur et à mesure de l'extension de leurs vergers, surtout pour le matériel de traitement.

Les espèces de fruits cultivés dans la commune sont : la pêche, la cerise, l'abricot, la fraise, le cassis qui est apparu depuis 2 ans.

 

Généralités

Pour toutes les cultures fruitières, on recherche la meil­leure exposition : sud, sud-est ou sud-ouest. Les plantations sont très souvent effectuées sur un terrain en légère pente.

La préparation du sol consiste, généralement, en un dé­fonçage de 50 cm de profondeur. Ce travail est confié à un entrepre­neur de labour. On profite de cette façon profonde pour enlever les blocs de molasse que l’on trouve souvent à cette profondeur. Ensuite, par des façons plus superficielles, on nivelle la surface du sol.

On profite de ces travaux préparatoires, pour enfouir la fumure de base. Les cas, malheureusement, sont encore trop nombreux où l'on n’apporte pas cette fumure de fond. On se contente, la plupart du temps, à enfouir une certaine quantité de fumier variable avec les disponibilités de l’exploitation. 0n trouve, cependant, des agriculteurs qui amènent une fumure plus complète, fumier et scories.

 

Le pêcher

C’est l’espèce fruitière la plus répandue dans la commune. Par son système radiculaire semi-pivotant, il résiste assez bien à la sécheresse, on le trouve dans tous les quartiers, soit dans les terrains plats, soit à exposition sud-est, sud, ou sud-ouest, Le sol perméable lui convient assez bien mais il faudra, cependant, envisager l’irrigation en été. Certains agriculteurs, riverains du Bion, ont pu résoudre ce pro­blème, quant aux autres, la solution paraît difficile car aucun cours d’eau important ne traverse la commune et les puits sont très profonds. Avant la plantation, il sera bon de faire analyser sa terre, car le sol des coteaux, en particulier, contient parfois plus de 7 à 10 % de calcai­re. Au-dessus du village, sur les pentes de Suze, une plantation présente des signes très nets de chlorose.

Les agriculteurs ne produisent pas eux-mêmes leurs porte-greffes. Ils achètent les plants chez un pépiniériste. En général, les différentes variétés sont greffées sur francs.

 

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Plantation de pêchers en décembre 1957

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La même plantation après la taille

 

La taille de formation tend à donner à l'arbre la forme en gobelet basse-tige et demi-tige le plus souvent (tronc de 20 cm à 1 m), rarement haute-tige (tronc de 1 m à 1,50 m). La taille de fructification, la plus employée, est une taille courte, en crochet. Elle est faite au mois de mars. Plusieurs arboriculteurs de la commune ayant entendu parler de taille longue, ont modifié leur manière de tailler, cette année surtout. Ils laissent un nombre moins important de rameaux mixtes mais non épointés. Il est très difficile de changer de taille, les charpentières et les sous-charpentières n'ont pas un développement suffisant, les arbres plantés à 4 x 4 m ne sont pas assez espacés. II faudra donc veiller à ce que les arbres ne prennent pas un développement trop grand : air et lumière ne pourraient pénétrer sous les frondaisons ce qui favoriserait les maladies et les traitements seraient rendus plus difficiles.

La fumure : Le fumier est apporté assez parcimonieusement quand il est en excès. En général, on pratique un épandage de scories à l'automne et de potasse au printemps. Les quantités sont variables, en moyenne on apporte 250 à 300 kg de scories et 200 kg de chlorure de potasse. Quel­ques agriculteurs utilisent des engrais complets.

Les traitements sont pratiqués assez régulièrement. On utilise des appareils à moyenne ou haute pression portés par le tracteur, en géné­ral. On lutte surtout contre la cochenille, le puceron vert et les mala­dies cryptogamiques : cloque, corynéum, monilia, tordeuse orientale. Les principaux traitements pratiqués sont en hiver, pulvérisation d’huile jaune, et en cours de végétation de produits cupriques, de produits à base de DDT ou d’autres insecticides.

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Cueillette des pêches

 

 Les variétés cultivées dans  la commune sont May Flower,  Amsden, Charles Ingouf, Adenot, Incomparable Guilloux, J.H.Hale. La récolte débu­te à mi-juin (May-Flower). Le triage et le calibrage des fruits se font à la ferme même pour les adhérents à la coopérative fruitière.

Nous verrons pour toutes les cultures fruitières les améliorations à apporter.

 

Le cerisier

Toutes les fermes possèdent quelques cerisiers pour la consommation familiale. Mais l’on trouve de plus en plus des plantations de cerisiers ou tout au moins des rangées de cerisiers le long d'un champ, par exemple. Le cerisier, craignant une humidité persistan­te autour des racines, la plupart des terrains de la commune lui con­viennent. Les anciennes plantations sont établies en arbres de plein vent haute-tige alors que les récentes le sont en basse-tige. Les principales variétés rencontrées sont la Bigarreau Burlat, la Bigar­reau Moreau, la Bigarreau de mai, la Bigarreau Reverchon.

On pratique parfois un élagage : branches mal placées, branches mor­tes. Les traitements ont surtout pour but la lutte contre les pucerons.

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Plantation de cerisiers

Sol caillouteux (terrasse du Bion)

 

 L’abricotier

Les terrains perméables et légers de la commune lui conviennent assez bien, aussi a-t-on vu, il y a quelques années, de nombreux agriculteurs effectuer des plantations d’abricotiers. Mais, souvent les gelées printanières entravent les récoltes. Les vieilles plantations subsistent mais on ne voit plus d’arboriculteurs se lancer dans cette culture trop aléatoire.

Les variétés cultivées sont Suchet, Paviot, Poizat, Bergeron. On pratique les mêmes traitements que pour le pêcher. L’inconvé­nient de cette production saisonnière est que, les années où l’arbre ne produit pas, les traitements sont souvent négligés.

 

Le fraisier

Il se développe considérablement. Il ne demande pas une technique aussi poussée que les autres productions fruitières (pas de taille surtout) et plus nombreux sont ceux qui peuvent s'y consacrer. La plantation se fait en automne. Les plants sont pris dans la plantation existante. Il faut veiller à ce que la plantation-mère ne pré­sente aucun signe de dégénérescence sinon il est préférable d'acheter les plants dans une maison spécialisée. Les variétés cultivées sont la Surprise des Halles et la Moutot. Le fraisier aurait certainement pris une extension beaucoup plus grande encore si la période de pro­duction ne coïncidait pas avec celle de l'asperge, ce qui demande alors une main-d’œuvre importante.

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Le désherbage des fraisiers

 

Le cassissier

II a fait son apparition depuis 2 ans environ. Il est souvent planté en association avec une autre culture (vigne, cultures maraî­chères). Il semble que les agriculteurs s’intéressent à cette pro­duction et que dans quelques années plusieurs hectares y seront consacrés.

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Plantation de cassissiers au bord du Bion

 

Autres cultures fruitières

Les cultures citées plus haut sont les seules cultivées dans un but commercial mais dans chaque exploitation, il n'est pas ra­re de trouver quelques arbres des autres espèces fruitières pour la consommation familiale : pruniers, poiriers, pommiers. Ce sont, en général des arbres de plein vent qui ne subissent aucune taille et aucun traitement.

Certains agriculteurs étudient la possibilité d'effectuer des plantations de poiriers ou de pommiers.

 

Améliorations à apporter

Création du verger : Avant chaque plantation, il est bon de faire analyser sa terre (sol et sous-sol) afin d'éliminer les terrains dont la teneur en calcaire est trop importante, pour le pêcher en particulier. L'analyse renseignera également sur la teneur en acide phosphorique et potasse.

Les agriculteurs doivent veiller aux porte-greffes. Pour le pêcher et l'abricotier, le porte-greffe amandier permet de lutter contre la sécheresse et l'excès de calcaire ; le prunier qui a des racines tra­çantes permettra la culture dans les terrains peu profonds ou humides ; le franc, s'impose dans les situations intermédiaires. Pour le cerisier, le Sainte-Lucie résiste à la sécheresse et prospère dans les mauvais ter­rains ; il permet également l'établissement de formes réduites ; le franc plus vigoureux, donne des arbres à grand développement mais exige un sol plus riche et sain.

Le choix des espèces et des variétés doit également attirer l'at­tention des agriculteurs afin de ne pas renouveler le demi-échec des plantations d'abricotiers. Le pommier devrait réussir dans certaines situations. Dans ce choix, il faudra aussi faire intervenir la question de la main~d'œuvre : elle est essentiellement familiale, il faudra donc échelonner les productions dans le temps.

Le type de plantation le mieux adapté à l'économie de la commune, est le verger intensif (les surfaces sont relativement faibles). Les formes libres ne peuvent être conseillées, tout au moins dans leur in­tégrité. Ce genre de verger demande irrigation, fortes doses d'engrais, mécanisation très poussée, ce qui ne peut se concevoir dans les condi­tions actuelles pour une région de petites propriétés.

Les distances de plantation les plus courantes sont 4 x 4 m et 4 x 5 m. La deuxième est préférable à la première et les agriculteurs s’en sont rendu compte car les nouvelles plantations sont établies à cette distance.

La taille pratiquée pour les pêchers est celle que l'on pratique dans la vallée du Rhône. Pour les raisons évoquées plus haut, il est difficile de préconiser la taille longue telle qu'elle est pratiquée dans les grands vergers du Sud-ouest, par exemple. L'«allongement» de la taille classique peut donner de bons résultats, si l'on veille à ne pas dégarnir l'arbre à la base. Un des défauts que l'on rencontre le plus souvent est de faire partir les charpentières du même point. Il est préférable d'espacer leur point de départ d'une trentaine de centimètres.

La fumure : Le sol doit supporter une culture de longue durée, ce qui oblige, au départ, des apports conséquents de matières organiques et d'engrais chimiques. Or,  nous avons vu que cette question était le plus souvent négligée. La fumure de fond doit corriger le sol (intérêt de l’analyse) et faire un apport de réserve. L'acide phosphorique et la potasse sont retenus par le sol, on peut donc en apporter de fortes quantités, l’'arbre utilisera ces réserves lorsqu'il en aura besoin. On peut conseiller d'enfouir au défoncement :

60 à 80 tonnes de fumier

1 000 à 1 200 kg d'engrais phosphatés

500 à 600 kg d'engrais potassiques.              

La fumure annuelle est variable avec l'âge des arbres et I’importance de la récolte. Un arbre jeune a besoin de beaucoup d'azote ; il doit se former rapidement une charpente solide.

En période de croissance, on pourra apporter :

au printemps, 300 à 400 kg de sulfate d'ammoniaque

à l'automne, 250 à 350 kg de superphosphate ou de scories et 180 à 250 kg de chlorure de potasse (58 %)

Dès le début de la fructification, la formation des fruits exige l’ap­port d’acide phosphorique et de potasse. Ces deux éléments sont indis­pensables à la formation des fruits : durcissement du noyau, maturation, parfum, conservation, amidon, sucre... Il serait bon d'incorporer égale­ment à cette fumure d'autres éléments trop souvent négligés et jouant un rôle prépondérant dans la formation du fruit : chaux (scories), magné­sie, bore...

En période de production, on pourra apporter :

au printemps, 400 à 500 kg de sulfate d'ammoniaque

à l’automne, 500 à 600 kg de super ou de scories et 400 à 500 kg de chlorure, de potassium.

Il arrive souvent que l'on n'apporte aucune fumure pendant les premiè­res années de la plantation, sous prétexte que l'arbre ne produit pas de fruits. C'est une grave lacune car s'il ne produit pas de fruit, l'ar­bre a besoin de nourriture pour croître.

Cet apport de fumure chimique ne doit pas dispenser d’un apport de fumier sinon les terres s'appauvrissent en humus. Si la quantité de fumier produite à la ferme est insuffisante, on peut avoir recours aux engrais verts. L'inconvénient dans nos terres perméables est que ces plantes prennent au sol une grande quantité d'eau souvent nécessaire aux arbres. Les agriculteurs pourront le faire s'ils ont résolu la question de l'irrigation ou dans les champs ne craignant pas trop la sécheresse.

Les cultures fruitières ont pris un bon départ à Claveyson. Les surfaces des vergers augmentent chaque année. Les agriculteurs se tiennent au courant de l'évolution de cette culture. Grâce aussi aux con­tacts qu'ils ont avec la coopérative fruitière de Saint-Rambert-d'Albon dont les sociétaires sont spécialisés depuis très longtemps dans la production du fruit, les agriculteurs de la commune feront bientôt de ces produc­tions leur principale activité.

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Ramassage des fruits par le camion de la coopérative

 

LA VIGNE

 

Les statistiques agricoles donnent les renseignements suivants :

1882         37 ha

1914         34 ha

1937         49 ha

1941         53 ha

1957         85 ha

Les superficies plantées en vigne ont donc augmenté régulièrement. Le cadastre viticole de 1956 nous donne un chiffre sensiblement dif­férent de celui de 1957 cité plus haut : 71 ha

Ces 71 ha se répartissent ainsi :

De 0 à 20 ares                      19   exploitations

20 à 50 ares                          37   exploitations

50 à 100 ares                        58  exploitations 

100 à 150 ares                      11  exploitations  

 

La production de vin est en partie réservée à la consommation familiale. Mais depuis quelques années, les agriculteurs portent leur vendange à la cave coopérative de Saint-Donat. Voici pour les trois der­nières années la quantité de vin produite à la cave coopérative et le nombre de coopérateurs de Claveyson :

 

Année

Quantités

Nombre d’exploitants

1955

1 241 hl

49

1956

1 016 hl

46

1957

478 hl

34

Degré moyen

1954                        9,3°

1955                        9,9°

1956                        8,3°

1957                      10,3°


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Le nombre de coopérateurs varie avec la production. On por­te le raisin à la « Cave » si la production prévue dépasse la consomma­tion familiale.

La teneur en alcool des vins produits est assez faible. Le vignoble est constitué essentiellement d'hybrides producteurs-directs : Couderc 7 120 ; Seibel 7 053, Seyve-Villard 12 397, 18 283, 18 315. Les premiers constituent surtout les vieilles plantations alors que les deux derniers ont la faveur des agriculteurs, actuellement, le Seyve-Villard 18 315, surtout, car il est plus rustique et résiste mieux aux maladies.

La culture

La plantation se fait après un défonçage comme pour les arbres fruitiers. On choisit, en général, un terrain en légère pente, bien en­soleillé, souvent un terrain caillouteux qui, par sa difficulté à être travaillé, y rend les cultures annuelles difficiles. On apporte, en gé­néral, du fumier avant la plantation. Les critiques formulées plus haut sur la fumure de fond des arbres fruitiers sont valables ici, également.

La plupart du temps, les agriculteurs produisent eux-mêmes leurs plants, en mettant des boutures en pépinière pendant un ou deux ans. S’ils veulent changer de variétés, ils s'adressent à des pépiniéristes.

Les distances de plantation les plus courantes sont 2 m x I m ; dans certaines plantations, les lignes sont espacées de 2,20 m et mê­me 2,40 m pour permettre un travail plus facile avec les tracteurs qui ne sont pas, en général, du type "vigneron".

Les principaux travaux d'entretien sont :    

un labour d'hiver

un déchaussage fin avril

une façon superficielle en mai-juin

un labour en juillet

un labour ou une façon superficielle avant les vendanges.

Rares sont les agriculteurs possédant une décavaillonneuse, ce travail est fait avec une charrue ordinaire.

 

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Le décavaillonnage fait avec une charrue tirée par un mulet

 

La taille se fait en mars. C'est une taille courte à 2, 3 ou 4 coursons de 2 ou 3 yeux. Par la suite, les sarments sont at­tachés autour d'un échalas. Ces tuteurs sont, le plus souvent, faits à la ferme pen­dant l'hiver soit en acacia, soit en châtai­gnier, bois que l'on tire de l'exploitation. L'achat de ces échalas, pour ceux qui n'ont pas de bois est très coûteux.

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Taille de la vigne en hiver

Les traitements sont faits à la bouil­lie bordelaise à laquelle on ajoute du sou­fre mouillable ou avec d'autres produits du commerce à base de cuivre. C'est le climat de la saison qui en règle la fréquence, deux traitements se font cependant à peu près régulièrement, une quinzaine de jours avant la floraison et une quinzaine de jours après (mildiou).

La récolte a lieu fin septembre, 1ère quinzaine d’octobre, rarement plus tard. On cueille les raisins à l’aide d'un sécateur et on les met dans des paniers (confectionnés pendant l'hiver avec de l’osier). Ces paniers sont vidés dans des « bennes ». Ces bennes sont soit portées à la ferme et vidées dans la cuve, soit vidées dans les camions-bennes de la cave-coopérative qui assure le ramassage.

 

Améliorations à apporter

Comme pour les arbres fruitiers, il sera bon avant une plantation de faire analyser le sol. Nous ayons vu que les terrains étaient très inégaux quant à leur teneur en calcaire ; quelques-uns ne sont pas arrivés au stade de lessivage qu'ont atteint la plupart des sols de la com­mune. Dans les sols présentant un trop fort pourcentage de calcaire, on devra peut-être abandonner les hybrides producteurs-directs pour des hybrides greffés sur porte-greffes résistant au calcaire.

Les cépages interdits se font de plus en plus rares mais dans les vieilles plantations, il arrive que l’on trouve encore quelques ceps de Noah ou de Clinton. En général, on attend leur dépérissement pour les remplacer. Il serait préférable de le faire tout de suite, car ce n'est pas l’arrachage de quelques pieds qui fera diminuer sensiblement la produc­tion.

La fumure de fond que l'on devrait apporter à la plantation doit se situer autour des données suivantes :

fumier                                           60 000 kg    

engrais phosphaté                             1 000 kg

engrais potassique                               300 à 500 kg

La fumure annuelle est également insuffisante. Elle consiste en un apport de fumier, un engrais phosphaté et un engrais potassique à des doses extrêmement variables.

On peut conseiller :   20 000 à 30 000 kg de fumier tous les 4 ans.

    En sol calcaire :

sulfate d'ammoniaque ou aiomonitrate         200 à 300 kg

superphosphate                                         100 à 200 kg

sulfate de potasse                                      100 à 200 kg

    En sol non calcaire :

cyanamide                                                200 à 300 kg      

scories                                                      100 à 200 kg

sulfate de potasse                                     100 à 200 kg

Le vin produit dans les fermes n'est pas toujours d’excellente qualité : les récipients ne sont pas toujours bien entretenus, le séjour dans la cuve est souvent trop long, on ne connaît pas toujours les remèdes pour enrayer les maladies du vin. II faut que l’habitude de porter le raisin à la cave-coopérative se généralise.

LES BOIS

 

Ils occupent une place importante :

1827        493 ha

1882        481 ha

1914        293 ha

1957        367 ha

L'abandon de certaines terres difficiles à travailler, un peu de reboisement (acacias) font que leur superficie augmente. Ils oc­cupent la presque totalité de la colline de Suze, la majeure partie du groupe de collines autour de Saint-Andéol.

Les principales essences sont : le chêne, le pin, le châtaignier (clairsemé), le chêne-vert (sur le versant sud de Suze), le robinier que l'on appelle improprement l'acacia.

Ces bois appartiennent à de nombreux propriétaires de Claveyson et des environs. Ils sont coupés lorsqu'on a besoin de bois à la ferme. On fait une « coupe » pendant l'hiver et on tire le bois avec un mulet jusqu'à un chemin carrossable où on le charge sur une charret­te. Les agriculteurs vendent rarement leur bois, il leur arrive quel­quefois d'en vendre une « coupe », c'est à dire sur pied.

Une autre ressource de ces bois est la truffe. On la trouve par­tout en petite quantité. Il est difficile d'évaluer la production de la commune car, en général, le « chercheur de truffes » ne dit pas le poids ramassé dans l'année et, d'autre part, son rayon d'action ne se limite pas à la commune, il parcourt, parfois, 30 km par jour, l'hiver pour faire sa récolte, suivi de son chien. Il existe une plantation de chênes-truffiers dans la commune.

Les robiniers ou « acacias » sont réservés pour le bois de ser­vice ; nous avons vu qu'ils servaient pour faire des échalas, on s'en sert également pour faire des piles, des perches, des manches,...

Le long du Bion, on trouve des peupliers mais on ne trouve pas ici les grandes plantations de la vallée de la Galaure. Ces arbres sont achetés par les scieries ou les fabriques de cagettes de la région.

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Une récolte de truffes

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2. LES CUTURES TEMPORAIRES

 

LES CULTURES ALIMENTAIRES

 

LES CÉRÉALES

 

D'après les statistiques communales, la situation des céréales serait la suivante :

Blé :   162 ha ;   orge : 3 ha ;   seigle : 140 ha ;   avoine : 5,50 ha

soit au total 310,5 ha, ce qui représente environ le 1/3 des ter­res labourables (990 ha).

 

Le blé

Les déclarations de blé pour 1957 sont de 2 800 quintaux ce qui équivaut à un rendement d'environ 17 q/ha.

On relève les déclarations suivantes :

                        8   de 0 à 10 quintaux

                        27  de 10 à 20 quintaux

                        38  de 20 à 40 quintaux 

                        15  de 40 à 60 quintaux

                        4    de 60 à 80 quintaux

                        1     de 105 quintaux

La moyenne de production est donc de 29 quintaux par exploitation soit environ 1 ½ ha. Les fermes, ayant déjà une orientation fruitière, n’auront guère plus d’un hectare de céréales, alors que, dans les autres, la surface peut atteindre 3, 4 et même 5 ha, ce qui est assez rare puisqu'en 1957, une seule exploitation produit 105 q.

 

La culture

Le blé est semé le plus souvent après une plante sarclée, mais il arrive que certains agriculteurs le sèment après avoir retourné un fourrage (luzerne). Les fourrages sont de bons précédents car ils en­richissent le sol mais ils présentent des inconvénients :

- ils sont enrichissants en azote et il convient de veiller à l'équilibre de la fumure si l’on ne veut pas courir le risque de la verse surtout avec les blés de pays ;

- les racines de luzerne sont très fortes, il faut retourner la terre précocement (2 mois avant), elle aura le temps de se tasser ce qui évitera une terre « creuse » préjudiciable au blé, d'autre part, ce labour précoce donnera un temps suffisant pour effectuer une façon superficiel­le pour tuer les mauvaises herbes.

Il arrive de voir un blé ou une autre céréale revenant 2 ans sur la même parcelle. Cette pratique est à supprimer, elle permet la multiplica­tion des mauvaises herbes et des maladies.

L'idéal reste le semis après plantes sarclées. Pour celles-ci, on a en général, amené une grosse fumure ; les sarclages et les binages ont nettoyé le sol. Les meilleures récoltes sont obtenues après tabac ; on a même eu un rendement de 43 q après une culture de tomates, ce qui est tout à fait exceptionnel pour Claveyson mais qui prouve qu'en améliorant cette culture, en choisissant ses variétés (c'était de l'Étoile de Choisy), on pourrait envisager des rendements plus rémunérateurs.

Préparation du sol et semis : à l’automne, dès qu'une chute de pluie le permet, on laboure à une profondeur d'environ 20 cm puis on brise les mottes à la herse. On sème à la main, en général (on compte 2 semoirs dans la commune), puis un nouveau hersage permet d'enterrer les grains. Le semis s'effectue à la dose de 160 à 200 kg/ha.

Fumure : Au cours du labour d'automne, on enfouit du fumier, quelquefois des scories et un engrais potassique mais ce n'est pas général. Certains agri­culteurs commencent à épandre un peu d'ammonitrate au printemps.

Soins : Au printemps, on roule avec un rouleau lisse. Quelques agriculteurs ont employé des désherbants chimiques.

La récolte : elle se fait à la moissonneuse-lieuse pour ceux qui en possède une, mais, de plus en plus, on a recours à des entrepreneurs ayant des moissonneuses-batteuses (3 entreprises).

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La moisson avec une lieuse

 

Améliorations à apporter : Certaines ont déjà été citées au début. Les céréales aiment une terre tassée, sans espaces vides, recouverte d'une couche meuble de quelques centimètres. Le meil­leur instrument permettant d'arriver à ce résultat est le cultipacker, aucun rouleau de ce genre n'existe dans la commune. On peut cepen­dant approcher du résultat, en préparant le sol un peu plus longtemps à l'avance, pour permettre le tassement et en créant la cou­che meuble par une façon superficielle avant les semailles. Mais il est parfois difficile de labourer tôt après un été sec et l’on doit attendre les premières pluies.

La plupart des exploitations ont une sur­face de céréales trop réduite pour justifier l'achat d'un semoir. Il faudrait que plusieurs agriculteurs se groupent pour effectuer cet achat ou qu'ils aient recours à un entrepreneur. Les semis au semoir sont plus réguliers et demandent une quantité moindre de semence (120-150 kg).

La fumure demande à être plus rationnelle. C’est une erreur d'enfouir du fumier avant une céréale. La plante ne peut en bénéficier totalement car il est trop long à se transformer, il peut fournir de l’azote en fin de végétation ce qui favorise la rouille, il peut amener des mauvaises herbes. II est préférable d'épandre une fumure organique plus importante sur la plante sarclée précédente, le blé en bénéficiera aussi et les inconvé­nients signalés disparaîtront. La fumure minérale peut être la suivan­te : 300 kg de super ou scories (Les scories sont préférables dans la plu­part de nos terres manquant de chaux) ; 100 kg de chlorure de potassium. II ne faut pas dépasser cette dose dans nos terres qui sont légères. II n’est pas utile d’apporter de l'azote au semis sauf si celui-ci est tardif. L'apport essentiel se situe au moment du tallage herbacé, soit entre la mi-janvier et la fin février : 300 kg d’ammonitrate sur un blé ne craignant pas la verse, 200 kg doivent suffire pour les variétés locales (si on n’a pas mis de fumier à l'automne, sinon ne pas en mettre, la verse serait certaine).

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Champ de blé de la variété Docteur Mazet

Les variétés : La plupart des agriculteurs continuent à semer les va­riétés locales : « Bourru ». Ce blé donne des rendements faibles, moyenne : 17 q/ha. On pense qu'il produit beaucoup de paille; je ne pense pas que cela soit vrai car c’est un blé qui talle peu et pour une même quanti­té de semence, il donnera certainement moins de paille qu'un blé taillant beaucoup même s'il est plus haut. D'autres variétés ont été semées : Flo­rence Aurore, Docteur Mazet, Etoile de Choisy. Pour certains, les résultats n'ont pas été probants car la fumure apportée, comme nous l'avons vu plus haut, n'était pas appropriée. Il serait bon que les agriculteurs pour qui la culture du blé reste la culture essentielle montrent plus d'intérêt à cette question des variétés. Des champs de démonstration aideraient peut-être cette évolution. Parmi les variétés citées, celle qui semble, cependant, retenir l'attention de quelques cultivateurs est Dr Mazet. Il est un peu moins productif qu'Étoile de Choisy mais donne un peu plus de paille ce qui contenterait ceux qui s'attachent à cette question. Je suis cependant persuadé que dans les bons terrains, avec une fumure rationnelle, Étoile de Choisy est supérieur. Dans les terres plus sèches, on pourrait essayer Inaletabile 8.

Les soins : Le roulage pratiqué au printemps est bon, il serait meil­leur avec un cultipacker.

La pratique du désherbage devrait se généraliser.

 

Les autres céréales 

 

C’est le seigle qui est cultivé essentiellement. L’orge et l'avoine n'occupent qu'une surface très restreinte.

Leur culture est semblable à celle du blé. Les rendements sont aussi très faibles, on leur apporte, en général, une fumure moins importante que pour le blé. Les semences sont également produites sur l'exploitation.

Les céréales occupent donc une place importante mais le revenu qu’en tirent les agriculteurs est loin de se rapprocher de cette importan­ce. Les terres de la commune ne sont pas des « terres à blé » et on ne pour­ra jamais envisager des rendements semblables à ceux des régions spécia­lisées. Mais les cultivateurs qui conservent les céréales comme culture principale, soit par routine, soit pour d'autres raisons, doivent progres­ser dans ce domaine.

La plus grande partie de la production de céréales est réservée à la consommation intérieure, le blé pour le pain (échange), les céréales secondaires pour le bétail.

 

Le maïs

II occupe une superficie de 8 ha. II est cultivé seulement pour l’alimentation de la volaille de la ferme. C'est un maïs de pays, dont on garde la semence d'année en année. Les mais hybrides sont très peu connus.

Il est semé en lignes distantes de 40 cm envi­ron. Il reçoit les mêmes soins que les plantes sarclées.

Le maïs-fourrage occupe une place plus importante certainement. II est semé en plu­sieurs fois ce qui permet d'échelonner la récolte. Il est destiné essentiellement à l'ali­mentation des vaches. II n'existe aucun silo qui permettrait de le conserver.

 

La pomme de terre

 

Elle occupe une superficie de 49,40 ha. Elle tient une place importante dans la consommation familiale et dans l'alimentation des animaux (porcs). La variété la plus cultivée est la Bintje, puis vien­nent Institut de Beauvais, Abondance de Metz, Erstelingen...

Le sol de la commune sableux et en général acide lui convient bien. Les agriculteurs apportent assez de soin à sa culture tant au point de vue travail du sol que traitements.

Comme pour toutes les cultures la principale amélioration à appor­ter est une fumure rationnelle : 30 000 à 40 000 kg de fumier ; 200 à 400 kg de sulfate d’ammoniaque ou d’ammonitrate ; 300 à 400 kg de superphosphate ou de scories ; 200 à 400 kg de chlorure de potassium. En cours de végétation, on peut égale­ment apporter un peu de nitrate (150 kg) pour activer.

Les agriculteurs vendent des pommes de terre si la production dé­passe la quantité nécessaire à la consommation familiale. Il semble que cette culture pourrait convenir pour la commune et devrait être prati­quée par certains en vue de la vente pour la consommation.

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Traitement des pommes de terre contre les doryphores et le mildiou

À l’arrière plan, la 4 CV Renault

 

L’asperge

Cette culture tient une place très importante dans l'économie de la commune, c’est certainement celle qui rapporte le plus globalement. Elle a commencé à s’installer, il y a une trentaine d'année [vers 1930]. Actuellement, sa superficie est d'une cinquantaine d’hectares, elle semble stationnaire car il est difficile de refaire une plantation dans les terrains qui en ont déjà porté une.

Ce qui explique le grand développement de cette culture est la légè­reté de la plupart des terres ce qui permet un libre développement des racines et surtout une sortie des turions.

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Asperges : labour d’hiver, enfouissement de sylvinite

 

Le semis est effectué au printemps (avril-mai). Les plants sont mis en place l'année suivante.

Il est bon de ne pas planter des griffes trop âgées, la reprise est mieux assurée, la longévité plus certaine. Les griffes doivent être arrachées avec beaucoup de précautions afin d’empêcher la rupture des fibres des racines qui sont très cassantes. Elles doivent avoir 7 ou 8 racines courtes et fortes, pourvues de nombreuses radicelles et 2 ou 3 bourgeons apparents. Elles peuvent être arrachées assez longtemps avant la plantation. On évite leur des­sèchement en les recouvrant de sable.

Variétés : La seule variété cultivée à Claveyson est l'Hâtive d’Argenteuil. Elle donne de beaux produits et elle est précoce. Cette dernière qualité est très importante, le climat ne permet pas d'obtenir des primeurs mais pour que les asperges se vendent, il faut qu'elles arrivent sur le mar­ché avant les produits des régions plus septentrionales.

La plantation : Elle a lieu en mars-avril dans un terrain préalablement dé­foncé d'où l’on a extrait tous les blocs de molasse que cette façon pro­fonde a fait remonter superficiellement. Ce défoncement doit être pratiqué suffisamment tôt pour permettre à la terre de se « rasseoir » pour éviter que la terre ne s'éboule lorsqu'on creusera les tranchées. On aplanit le terrain par une façon superficielle. Puis on ouvre les « fossés » soit à la main, soit à l'aide d’un outil constitué de deux grands versoirs opposés qui rejettent la terre de chaque côté (travail fait par un entrepreneur). Ces tranchées ont environ 50 cm de large et 40 cm de profondeur. La dis­tance entre les lignes est de 2 m. On plante les griffes dans ces tran­chées.  Jusqu’à ces dernières années, on plantait à 25-30 cm sur la ligne. Actuellement, on plante à 40-45 cm et même davantage, ce qui permet d'ob­tenir des produits de meilleure qualité.

Les soins d’entretien : La première et la deuxième année, on pratique des binages pour garder la terre propre. À partir de la troisième année, on pratique un buttage 8 à 10 jours avant la date présumée du début de la récolte ce qui est variable avec le climat de l'année. Pendant la période de la récolte, on pratique un binage s'il y en a besoin. On débutte à la fin de la récolte puis on exécute des binages afin de maintenir la terre propre.

À l'automne, on coupe les tiges desséchées. En hiver, on laboure, ce qui permet d’enfouir les engrais.

La fumure : Avant la plantation, on apporte du fumier. Pendant les deux pre­mières années, il est rare qu'on amène une fumure. Puis on fournit chaque année :

en hiver : scories potassiques  250 kg ou scories ; 150 kg + sulfate du chlorure de potasse ; 100 kg au printemps ; 150 kg d'ammonitrate. Certains agriculteurs utilisent la sylvinite comme engrais potassique.

Ces doses d'engrais sont assez faibles, surtout en ce qui concerne l'acide phosphorique et la potasse. Il semble qu'on pourrait les augmenter et même aller jusqu'à les doubler. D'autre part, l'apport de fumier en cours de végétation est assez faible. On devrait pouvoir en apporter 30 tonnes tous les 3 ans.

La récolte : Elle dure environ 6 semaines, du début avril au 15 mai. Mais ceci est variable avec les années ; en 1958, un début de printemps froid a retardé considérablement le départ de la végétation, la récolte n’a pu commencer que vers la fin mai et s'est terminée à la fin juin.

Tous les deux jours, voire tous les jours en pleine production, on passe dans les rangées et on coupe les asperges au moment où elles ap­paraissent à la surface du sol. On se sert d'une gouge qu'on fait glis­ser le long du turion.

Les asperges sont ensuite mises en bottes et coupées à la même longueur (25 cm environ). Elles sont classées en 3 catégories : diamètre supérieur à 18 mm ; diamètre de 14 à 18 mm ; diamètre de 10 à 14 mm. On cherche à obtenir des asperges blanches ou rosées, elles se ven­dent mieux que les vertes, d'où l'intérêt de les cueillir le plus tôt pos­sible après l'apparition de la pointe du turion.

Les parasites :

- La mouche de l'asperge : c'est une mouche de 5 à 7 mm, grise, aux ailes zébrées de brun foncé. Elle apparaît en avril, pond en mai dans les turions sortant de terre. Après deux ou trois jours d'incubation, les larves creu­sent dans la tige des galeries descendantes, superficielles. Cette attaque provoque un arrêt de croissance des pousses qui sont le plus souvent dé­formées et parfois pourrissent. Les pousses jaunissent et meurent avant que le feuillage ait pu s'épanouir.

La lutte est délicate car œufs  et larves ne peuvent être atteints par un insecticide. Seul, l'insecte adulte est vulnérable. Comme il ne se nour­rit pas, il doit être atteint directement par un insecticide de contact. Il y a lieu de traiter au moment où les jeunes pousses viennent de percer le sol avec une bouillie contenant du parathion (20 g/hl), du DDT (100 g/hl) et une huile blanche (1 litre/hl). 2 ou 3 traitements sont nécessaires, surtout dans les jeûnes aspergeraies où on ne récolte pas. Lors du déchaussage, il faut brûler les tiges attaquées (elles sont tordues) et les chicots dans lesquels le parasite hiverne.

- Les criocères de l’asperge : Ce sont de petits coléoptères, l'un est bleu avec 6 taches jaunes, l’autre porte 12 points sur les élytres. Ils mordil­lent les jeunes pousses dès leur apparition. Puis les adultes ainsi que leurs larves dévorent les rameaux et les feuilles. L'évolution est rapide et l'on voit une deuxième génération en juin-juillet. Dès l'apparition, il faut traiter avec DDT + huile blanche.

- La rouille de l’asperge : Elle peut se développer dès le mois de juin jusqu'à l'automne. Il se forme sur les feuilles et les tiges de nombreu­ses pustules allongées, jaunes puis rougeâtres et enfin noirâtres. Les rameaux atteints se dessèchent et meurent. On peut prévenir la maladie en brûlant les rameaux atteints à l'automne. En cas d'attaque, on peut trai­ter dès la fin de la récolte avec de la bouillie bordelaise (1%).

- Rhizoctome violet : C’est un champignon qui attaque les racines. Les jeu­nes asperges sortant du sol jaunissent, flétrissent et meurent. Les raci­nes sont alors recouvertes de filaments feutrés et violacées. La maladie s’étend de proche en proche. On ne peut replanter de plusieurs années sur le même terrain. Il faut surtout éviter de planter des asperges après la luzerne. Dès qu'on s'aperçoit de sa présence, il faut arracher les plantes malades et les .brûler. Il n'y a pratiquement pas d'autres moyens de lutte

- La chenille à fourreau : La  larve évide, en gouttière, les racines en au­tomne puis au printemps. Cette chenille se chrysalide en longs fourreaux dans la terre. Il faut débutter légèrement en juin et exposer au soleil ces cocons, ils meurent rapidement. Il faut rebutter ensuite pour éviter le couchage des tiges.

- Les sauterelles : Elles peuvent s'attaquer aux asperges en cas de séche­resse.

Les agriculteurs de Claveyson suivent à peu près ces traitements.
Contre les insectes, ils traitent avec de l'arséniate de chaux, du DDT (Gésarol) ; en saison pluvieuse, ils traitent au cuivre pour prévenir la rouil­le. Contre les vers gris, les chenilles, ils emploient « hexapoudre » ou « hexalo ».    

Les améliorations à apporter à cette culture se rapportent surtout à la fumure (signalées plus haut). La culture de l'asperge peut tenir enco­re pendant longtemps une place importante. Les rendements sont assez élevés (environ 4 000 kg/ha de la 6ème à la 10ème année) et permettent un revenu par hectare important (revenu brut 400 000 F environ). On peut sensiblement les améliorer par une fumure plus rationnelle.

 

Autres cultures maraîchÈres

 

Les cornichons : Cette culture est assez répandue. Ils sont produits en vue de la vente.

Haricots, petits pois : Quelques agriculteurs en produisent une quantité supérieure à la consommation familiale et en vendent. Les autres cultures maraîchères, même cultivées en plein champ, sont réservées à la consommation familiale : carottes, courges...

Quelques cultivateurs ont plantés des tomates, il y a quelques années, mais il ne semble pas qu’ils aient continué.

Avec la possibilité d’irriguer, les cultures maraîchères pourraient se développer, surtout dans les petites exploitations.

 

Le colza 

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La récolte du colza, à la main

 

La plupart des cultivateurs cultivent du colza pour la consom­mation familiale. La persistance de cette culture est due à la présence sur la commune d'un moulin à huile. On a gardé cette habitude. Une autre raison est la conservation des saucisses qui se fait dans l'huile et pour cela l'achat d'huile du commerce serait trop onéreux.

On pourrait envisager l'extension de cette culture en dehors du plan de la production familiale. La semence actuellement employée est préle­vée sur la production de l'année précédente. Il faudrait pratiquer des essais avec des variétés sélectionnées, plus productives et apporter, en plus de la fumure de fond, de l'azote au printemps.

 

LES CULTURES FOURRAGÈRES


Les statistiques agricoles fournissent les renseignements suivants :

Fourrages annuels (luzerne certainement)     53,46 ha

Prairies temporaires                                 15 ha

Topinambours                                         48,20 ha

Betteraves fourragères                              31,20 ha

Choux fourragers                                       8,55 ha

Autres racines et tubercules fourragers       10,20 ha

                                                      soit  156,41 ha

Les fourrages annuels et les prairies artificielles

Ce qui est classé sous cette rubrique (fourrages annuels) concerne certainement les prairies artificielles. Elles sont constituées surtout de luzerne. On voit très peu de sainfoin. Ce qui est appelé prairies temporaires concerne certainement les fourrages annuels. Ce sont les surfaces indiquées qui me font faire cette correction.    

La luzerne pousse assez bien dans les sols de la commune. On la sème dans une céréale. Mais cette céréale est semée trop épaisse, la luzerne est très longue à démarrer car elle s'étiole trop à l’ombre. La luzerne profite de la fumure apportée pour la céréale et par la suite, il est bien rare qu'on lui apporte une autre fumure. Il faudrait amener chaque année : 500 kg de super ou de scories et 200 kg de chlorure de potassium. En outre, on peut activer le départ de la végétation, par 100 kg de ni­trate de chaux ou d’ammonitrate, au printemps. Les soins apportés aux luzernières consistent essentiellement en un hersage léger au printemps. On devrait également traiter contre le Négril qui fait parfois des dé­gâts assez considérables. La récolte peut amener les mêmes critiques que la récolte des prairies naturelles : on coupe en général trop tard, le four­rage est donc de moins bonne qualité et la deuxième coupe est moins im­portante. Le fanage se fait le plus souvent à la main. Certains emploient des faneuses, ce qui est à déconseiller, car elles font trop tomber de feuilles, les parties les plus nutritives. La faneuse-endaineuse ne pré­sente pas ces inconvénients. Certains agriculteurs en envisagent l’achat. Le fourrage est rentré soit en grenier, soit mis en meule si la capaci­té des granges est insuffisante.

Les fourrages annuels cultivés sont le trèfle incarnat et la vesce ou « garousse ». Ils sont utilisés comme fourrages verts.

On pourrait conseiller des semis échelonnés pour étaler la production, mais il est difficile d’envisager la construction de silos permet­tant la conservation de ces fourrages pour les périodes « creuses », tout au moins pour la majorité des exploitations. Un silo peut se justifier pour une dizaine de vaches alors que l'on n'en trouve que 2 ou 3 par exploitation, 5 au maximum.             .    

 

Les autres  cultures fourragères : Topinambours, betteraves, choux, « colverts »...

Ce sont des cultures sarclées. Leur importance est fonction du cheptel de la ferme, Elles servent particulièrement à l'alimentation des porcs, pour les betteraves, on pourrait conseiller dans les bons terrains l’es­sai de variétés riches en matières sèches.

Pour les topinambours, on pourrait suggérer :

- Exploitation mixte : Les tiges sont coupées environ 15 jours avant la floraison, à mi-hauteur. On donne la partie supérieure au bétail. La partie inférieure est laissée pour assurer la migration des matières nutritives vers les tubercules, Ceux-ci se forment en octobre-novembre et on les arrache au fur et mesure des besoins selon la métho­de habituelle.

- Exploitation en fourrage lorsqu'on veut se débarrasser d’une plantation : On ramasse les tubercules aussi complètement que possible. On pra­tique un labour superficiel et on apporte 20 kg d’azote (ammonitrate). La première coupe se fait lorsque les plantes ont 1 m de haut. Après cette première coupe, nouvel apport d'engrais et hersage. La deuxième coupe peut se faire 3 semaines après la première. Nouvel hersage sans apport d’engrais. Après la troisième coupe, on se débarrasse des tubercules par des labours, des scarifiages...

Ces cultures fourragères ne prendront certainement pas une plus gran­de importance car nous verrons plus loin quel peut être l'avenir des spéculations animales.

 

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Hersage avant semis de betteraves

 

LES CULTURES INDUSTRIELLES

 

LE TABAC

C'est la seule culture industrielle de la commune. On dénombre 61 planteurs en 1957 (contre 63 en 1958) pour une superficie de 11,40 ha. Cette culture semble en régression. Elle demande une main d'œuvre im­portante et le développement des cultures fruitières demande un dépla­cement de cette main d'œuvre. On peut planter au minimum 12 ares. Les superficies ne sont jamais importantes : en 1957, les deux plantations les plus importantes avaient 36 a et 30 a.

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Semis de tabac de construction ancienne avec toile de protection

 

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Semis de construction plus récente avec une protection en « vitrex »

 

Le semis se fait au mois de mars sur couche chaude recouverte de ter­reau, soit en graine sèche, soit en graine germée. Ces couches sont recou­vertes de toile, de « vitrex » ou de feuilles de matière plastique trans­parente. On les arrose tous les jours. On les découvre progressivement dans la journée à mesure que les plantes deviennent plus vigoureuses et suivant la température de l'atmosphère.

Le tabac aime les sols légers, sableux, il est alors plus fin, les ner­vures sont moins grossières, la couleur plus claire. En général, le tabac produit à Claveyson est de bonne qualité.

On laboure le terrain à l'automne et en même temps on enfouit 25 t de fumier et 400 à 500 kg de scories. En général, au printemps, on fait un deuxième labour, parfois, on se contente de façons superficielles. Au cours de ces travaux, on enfouit 300 à 400 kg de sulfate d'ammoniaque et 300 à 400 kg de sulfate de potasse. Au premier binage, on apporte 300 à 400 kg de nitrate de chaux. Cette fumure est très bien équilibrée Elle peut subir quelques variations suivant les agriculteurs quant aux quan­tités. Mais on ne constate pas les mêmes défauts que pour les autres cultures car, ici, les planteurs sont conseillés constamment par le con­trôleur.

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Plantation de tabac à la machine

 

La plantation se fait au début de juin, à la main en général, mais les machines à planter ont fait leur apparition. Deux associations de 5 planteurs en ont acquis une en 1956, l'autre en 1957. Ces machines per­mettent de planter environ 3 000 pieds à l'heure. Elles permettent d'autre part un arrosage immédiat. On ajoute même dans l'eau des produits insecticides qui protégeront le jeune plant des parasites.

Le tabac est l'une des cultures où on amène le plus de soins ; il est rare de voir une plantation avec de l'herbe, Binages et sarclages maintiennent la terre propre et meuble. On écime à la fin juillet-début août. Souvent, on fait la plantation près du Bion pour permettre l’arrosage. On arrose une fois ou deux vers la fin juillet et suivant le climat de la saison. L'arrosage n’est pas toujours très rationnel car beaucoup d'agri­culteurs ne possèdent pas de pompes et sont obligés d'avoir recours à d’autres personnes qui ne peuvent pas toujours venir au moment opportun. La récolte commence vers le 15 août (parfois début août). Elle se fait uniquement en feuilles, On distingue 3 catégories ; les « basses », les « médianes », les « couronnes ». Les dernières feuilles sont ramassées la première quinzaine d'octobre.

Les feuilles sont amenées la ferme où on les enfile sur des ficelles. Elles sont ensuite pendues dans les greniers, sous les hangars. Deux agri­culteurs ont fait construire des séchoirs. On compte également 3 machines à enfiler le tabac.

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Tous les hangars ou greniers servent pour le séchage du tabac

 

Pendant l’hiver (novembre, décembre, janvier), on dépend ce tabac et on le trie suivant la finesse, la couleur, la dimension des feuilles. On les met ensuite en « manoques » de 25 feuilles, puis on met ces manoques en balles qui sont portées à la manufacture de Beaurepaire.

Le rendement en feuilles sèches est d’environ 2 500 kg/ha. Mais on a vu des rendements bien supérieurs : 750 kg pour 17 ares, soit 4 411 kg/ha.

La production de l’année 1957 s’est élevée à 28 905 kg.

Les ennemis du tabac sont nombreux. Au semis, on lutte contre les taupins et les courtilières par des appâts empoisonnés et contre les limaces par des hélicides. On traite également au cuivre pour prévenir les maladies. Dans les plantations, on lutte surtout contre les vers gris (tiges) et les taupins ou vers jaunes (racines) avec le chlordane ou l'aldrin. Les courtilières peuvent aussi commettre des dégâts au début, les sauterelles sont également à craindre. La grêle peut faire des ravages importants (1956).

Améliorations à apporter : Le contrôle de cette culture fait qu'elle est pratiquée sans gros défauts. La préparation du sol est bonne, la fumure, le plus souvent, équilibrée et suffisante. Certains planteurs ont essayé la désinfection de la terre des couches mais l'ont abandonnée. Je pense qu'ils avaient trop chauffé la terre. On pourrait reprendre cette méthode en cor­rigeant les défauts constatés. Un autre défaut, très fréquent, est la cultu­re du tabac, plusieurs années de suite, sur la même parcelle, alors qu'elle ne devrait pas y revenir avant 3 ans.

Les planteurs souhaitent qu'on les autorise à faire la récolte en pied tout au moins pour les médianes et les couronnes. Cette méthode de­mande une main d'oeuvre beaucoup moins importante, et c'est là le problè­me essentiel. La mécanisation qui est un aspect du même problème aidera peut-être aussi à la continuation de cette culture.

 

PROTECTION DES CULTURES

 

Contre les intempéries

Le gel : Nous avons vu que les cultures fruitières étaient à leur début. La protection contre le gel n’a pu être envisagée par tous. Cer­tains agriculteurs, par des fumées, essaient de lutter contre les gelées « blanches ». Les plantations sont encore trop clairsemées et il est diffi­cile d'envisager pour le moment des moyens de lutte collectifs. Dans les conditions actuelles, les réchauds, assurant une protection plus locali­sée, seraient utiles mais leur prix assez élevé ainsi que la dépense pour le combustible ont arrêté les arboriculteurs. Un agriculteur envisage la protection de ses fraisiers par l’aspersion.

Le vent : Le vent étant moins violent que dans la basse-vallée du Rhône, on n’a pas jugé utile de s’en préserver, tout au moins en plein champ. Seuls, les jardins sont souvent au sud d'un bâtiment ou d'un mur.

La grêle : Les orages de grêle sont particulièrement redoutés (vigne, arbres fruitiers, tabac). Jusqu'à maintenant aucun moyen de lutte n'avait été envisagé mais depuis cette année, on a distribué, dans le cadre d'une lutte régionale, des fusées paragrêles à plusieurs agriculteurs de la com­mune. Ce sont des fusées à l’iodure d'argent. La science a trouvé que c'était le seul produit, à l'état actuel des travaux, susceptibles d'entraver la formation des grêlons. L'expérience mérite d’être tentée et nous prouve­ra son efficacité.

Contre les parasites végétaux et animaux

Les traitements principaux ont été signalés à propos de chaque culture. Certains agriculteurs correspondent avec la station d'avertissements agricoles de Lyon, mais c'est assez rare ; il faut que tous ceux qui s'orientent vers les spéculations fruitières s'abonnent, d'autant plus que le prix demandé ne doit pas constituer un obstacle : 800 F par an, avec le service de la revue Phytoma en plus.

Les appareils utilisés sont de 2 types : l'appareil classique à dos que l'on trouve dans toutes les fermes (pommes de terre, vigne) et l’ap­pareil à moyenne ou haute pression, en général, porté sur tracteur. Le prix de ces appareils n'a pas permis un équipement de toutes les exploitations qui en auraient besoin. Une association de 2 ou 3 arboriculteurs devrait en permettre l'achat.

 

 

LES SPÉCULATIONS ANIMALES

 

Elles n'occupent qu'une place assez restreinte dans l'économie de la commune. Dans la vallée de la Galaure, aux sols argileux, l'élevage tient une place beaucoup plus importante.

 

Comparaison du cheptel des années 1938 et 1954

 

 

1938

1954

En plus

En moins

Chevaux de moins de 3 ans

49

20

 

29

Chevaux de plus de 3 ans

38

60

22

 

Mulets

44

72

28

 

Ânes

1

1

 

 

Taureaux

4

4

 

 

Boeufs

130

88

 

42

Vaches

280

162

 

120

Génisses

180

60

 

120

Veaux

80

20

 

60

Chèvres

700

485

 

215

Brebis

77

16

 

61

Truies

60

20

 

40

Porcs

300

62

 

238

Porcelets

320

46

 

274

 

Malgré les erreurs dont peuvent être entachés ces statistiques, on constate que les spéculations animales sont en très nette régression. Avec le développement de la motorisation, le nombre des équidés a en­core diminué depuis 1954 surtout les chevaux. Les deux enquêtes n’ont pas dû être faites au même moment de l’année car le nombre de veaux, de porcs et de porcelets parait faible en 1954 alors que chaque fer­me élève au moins un «cochon», cette dernière doit se situer au début du printemps.

Cette régression est certainement liée à la progression des cultures fruitières plus rentables et soustrayant de la main d’œuvre une partie de l'année tout au moins. La spécialisation demande l'a­chat de matériel et la vente d'une vache peut permettre cet achat. L'é­levage était une partie de cette organisation poly culturale qui, sans disparaître complètement, se simplifie. L’élevage n'est pas prêt de dis­paraître à Claveyson car certaines exploitations n'ont pas suivi cette évolution et il est possible d'améliorer les conditions d'exploitation ce que nous verrons à propos de chaque espèce.

Le logement des animaux : Dans chaque ferme, un seul local sert d'étable
et d’écurie et parfois même de chèvrerie et de poulailler. En général,
une unique porte sert en même temps pour l'aération, pas de fenêtre ou
très rarement. Le sol est en terre battue, le plafond en poutres apparen­tes d'où pendent de vénérables toiles d’araignées. Au-dessus, la «fenière» où l'on met le foin que l’on fait tomber par une trappe dans le râtelier.

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Étable sombre

 

Le poulailler est conçu suivant les mêmes principes ; pas de lumière, pas
d'aération. Il en est de même pour la porcherie. Bien entendu, on rencontre
quelques étables que l’on a un peu modernisées en ouvrant une fenêtre et
en nettoyant, plus d'une fois par an, murs et plafond, mais c'est encore l'exception.

En général, on blanchit à la chaux une fois par an, mais bien des agriculteurs ne pratiquent même pas cette mesure élémentaire d'hygiène.

Le fumier est enlevé une fois par semaine (parfois par quinzaine) et le bétail vit toute l'année dans une atmosphère confinée et chargée d’ammo­niaque.

 

Les bovins

 

Depuis 1954, le nombre de bœufs a considérablement diminué à tel point qu'il est devenu rare de rencontrer un tel attelage aujourd'hui. On voit encore quelques vaches attelées dans les petites exploitations ne justifiant pas un attelage plus important, d'autant mieux qu'en plus de leur travail, elles produisent un veau, un peu de lait, du fumier. Les races les plus courantes sont la  Savoyarde et l'Abondance. La Savoyarde ou Tarine a une robe rouge et les extrémités noires (queue, mufle, oreil­les, paupières). L'Abondance a une robe pie rouge. Ces deux races sont assez rustiques. Les vaches sont de bonnes laitières et de bonnes beurrières. Mais il reste un gros travail de sélection à faire. Le croisement avec d'autres races est fréquent mais sans souci d'une amélioration. Le déve­loppement de l'insémination artificielle, par l'apport de germes de tau­reaux sélectionnés, peut contribuer à cette amélioration. Certains agricul­teurs y ont eu recours, il y a quelques années, mais il semble qu'ils aient abandonnés. Les déboires qu'ils ont pu avoir venaient peut-être d'erreurs de l’inséminateur mais plus certainement d'une alimentation mal équili­brée. Il serait bon qu'ils repensent la question. La production de veaux pour la boucherie est presque seule envisagée. Dans ce cas, on pourrait avoir recours à un croisement de première génération, en utilisant des taureaux dont l'aptitude à la production de la viande est plus marquée (Charolais, Limousin...).

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Une « Savoyarde »

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Une « Abondance »

 

Les animaux sont achetés chez les «maquignons» ou dans les foires. Souvent, on achète les génisses de 12 à 18 mois. On revend les vieilles bêtes soit au marchand de bestiaux en échange du jeune élève acheté, soit au boucher. Les jeunes veaux de 8 semaines sont remis directement au bou­cher.  

La base de l'alimentation est le fourrage sec qu'on distribue 3 fois par jour. Du début du printemps à la fin de l'automne, on «va en champ» chaque fois qu'on le peut. Près de la ferme, un pré est clôturé où l'on met les bêtes très souvent. L'herbe de ce pré étant surpâturée, elle n'a pas une grande valeur nutritive. Au mois de mai ou de juin, on donne de la vesce ou du trèfle incarnat, en juillet-août, du maïs-fourrage. Puis viennent les betteraves et les topinambours que l'on échelonne sur l'au­tomne et I’hiver. On se préoccupe surtout de la quantité de nourriture plutôt que de son équilibra. Souvent les animaux n'ont que du fourrage sec qui aussi riche qu'il peut être, n'apporte pas tous les éléments en quantité suffisante. Il n'est pas question de calculer exactement la ra­tion de chaque vache. On peut constituer une ration de base correspondant aux besoins d'une vache laitière en fin de lactation qu'on distribue  à tous les animaux. Les animaux en production ou en gestation reçoivent un supplément.

Exemple de ration de base :

Foin de luzerne                7,5 kg apportant 3 UF et 540 g de matières azotées

Betteraves ½ sucrières    24 kg apportant 3 UF et 108 g de matières azotées

Balles                               3 kg apportant 1 UF et 30 g de matières azotées

                                                                    Soit 7 UF et 678 g de matières azotées  

Exemple d'aliment concentré à donner en supplément et réalisable à la ferme :

Orge                                2/3

Tourteaux d'arachide      1/3

ou 

Son                                 4 kg

Céréales moulues           3 kg     pour 10 kg

Tourteaux d'arachide      2 kg

Tourteaux de colza         1 kg

On donne ce supplément aux animaux produisant plus de 6 litres de lait à raison de 0,400 kg par litre de lait supplémentaire.

La production moyenne d'une vache se situe autour de 2 500 litres de lait.

La quantité de lait livrée à la coopérative laitière de La Motte-de-Galaure est de 209 342 litres en 1957.

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Vaches au pâturage.

Le village en arrière plan

 

Les chèvres

Leur nombre a considérablement diminué aussi. Quelques fermes n'en ont plus. Il est difficile de mettre des chèvres dans un parc sans sur­veillance, elles arrivent toujours à sauter les barrières et on les re­trouve dans un champ de cultures sarclées, dans un verger où elles mangent les jeunes pousses ou chez le voisin.

On les élève pour la fabrication du fromage : la tomme. L'excédent non consommé à la ferme est vendu aux coquetiers qui passent plusieurs fois par semaine. Il en est de même pour les chevreaux. Malgré cela cet élevage est surtout centré sur la consommation familiale.

On n’apporte à cet élevage aucun soin particulier. La nourriture est sensiblement la même que celle des bovins, à base de fourrage sec. À l'automne, on fait des fagots de «feuilles», c'est à dire de branches encore feuillues, que l'on donne aux chèvres l'hiver (mûrier, chêne, peu­plier).

L'élevage de la chèvre est assez rémunérateur. Elle produit envi­ron 350 litres de lait par an. Par rapport au poids, c'est un rendement bien supérieur à celui d'une vache. Des chèvres sélectionnées arrivent à produire plus de 800 litres. II faut, d'autre part, une moins grande quan­tité de nourriture à la chèvre pour produire la même quantité de lait.

100 kg de lait sont obtenus avec

82,80 UF et 9,57 kg de matières protéiques chez la vache commune

70,80  UF et  8,55 kg de matières protéiques pour la chèvre commune

Avec des chèvres de race Saanen, on a obtenu 1200 kg par an en Suisse, 1500 kg en Allemagne. Une sélection sérieuse accompagnée d'une alimentation rationnelle et des conditions d’élevage convenables doit permettre de développer considérablement cette aptitude laitière. Actuellement, on ne peut parler de race, on trouve des bêtes de toutes les couleurs, de tous les poils, de toutes les tailles.

L'élevage des chèvres gardera beaucoup d’adeptes ; l’achat du troupeau est relativement bas, le logement économique, les maladies sont assez ra­res, avec la nourriture nécessaire à une vache, on peut élever 7 ou 8 chè­vres.

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Chèvre commune

Les ovins

Cet élevage est à peu près inexistant. Il demande de grands parcours et nous avons vu qu'il s'agissait surtout de petites propriétés. 5 ou 6 fermes ont 2 ou 3 brebis seulement pour récupérer un peu de laine pour faire des matelas.

 

Les équidés

Les statistiques de 1938 nous montrent qu'avant la dernière guerre, on achetait souvent de jeunes chevaux qu'on dressait à la ferme. Cette pratique disparaît car avec l'acquisition des tracteurs, le cheval ne travaille pas assez souvent pour permettre son dressage. Le nombre de chevaux et de mulets a augmenté de 1938 à 1954 ; beaucoup d'exploitations avaient une paire de boeufs pour les gros travaux, on a acheté un trac­teur et le cheval ou le mulet est utilisé pour les petits travaux : binages, hersages… Le nombre de mulets est supérieur à celui des chevaux car ils supportent de n’être pas ferrés et l’on sait que la profession de maréchal-ferrant se fait de plus en plus rare.

Le cheval reste la plupart du temps à l'écurie, on ne le mène qu'excep­tionnellement au pré. Son alimentation est surtout à base de fourrage de prairies naturelles. Au moment des travaux, on la complète avec un peu d'a­voine.

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Le seul âne de la commune (son conducteur était un bon élève ! L’âne aussi, peut-être)

 

 

Les porcins

 

Chaque ferme tue au moins un cochon par an. Souvent, on en élève deux, un pour la consommation familiale, un pour la vente. La mise-bas à la fer­me est assez rare (20 truies en 1954). En général, on achète au marché des porcelets d'une vingtaine de kilogrammes qu'on engraisse à la ferme. La race la plus répandue est le Large-White qu'on appelle communément cochon anglais.

La nourriture est à base de betteraves, de pommes de terre cuites à la chaudière auxquelles on ajoute de la farine de seigle principalement et les déchets et eaux grasses de la cuisine. On complète parfois cette ra­tion par des aliments concentrés du commerce.

 

L'amélioration essentielle à apporter réside surtout dans l'améliora­tion de la race (en dehors des améliorations matérielles déjà signalées). On pourrait introduire des porcs danois donnant moins de graisse, plus de chair et surtout plus de jambon (partie du porc se vendant le mieux actuellement).

 

La basse-cour

Chaque ferme possède de 20 à 30 poules destinées en premier lieu à pourvoir à la consommation familiale d’œufs et de poulets, quelques pin­tades, parfois des canards, des oies, des dindons. Là encore pas de races sélectionnées. Tous les plumages, toutes les tailles se rencontrent. Par­fois on achète quelques œufs de poules de race, Sussex principalement, mais c'est assez rare et comme ces individus sont mêlés aux précédents, au bout de quelques temps, on voit seulement une collerette ou une queue rappelant la Sussex sur un plumage d’une toute autre couleur. Dans ces conditions la production d'œufs et de poulets n’est pas rentable. On ne calcule jamais le prix de revient d'un œuf ou d'un poulet mais on arri­verait certainement à des chiffres très élevés.

II serait bon d'améliorer cet élevage. Il faudrait d'abord prendre la résolution d'éliminer toutes les poules de l'exploitation, refaire un pou­lailler car il est très difficile de désinfecter les lieux ; puis acheter des poussins de race, la Sussex conviendrait, que l’on élèverait à l'aide d'une lampe à infrarouge qui ne demande pas une installation coûteuse. Les mâles seraient vendus et les poulettes gardées pour la ponte. L’amélio­ration de la race, de l'habitat et de la nourriture permettrait une ponte plus longue et surtout aux périodes où les oeufs se vendent le mieux.

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Un élevage disparate

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Deux bouvillons à la foire

 

MATIÈRES PREMIÈRES

 

AMENDEMENTS

Ils ne sont pas employés dans la commune. Certaines terres en auraient besoin cependant. Pour la quantité à apporter, on peut se baser sur le tableau suivant :

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ENGRAIS

ENGRAIS ORGANIQUES

 Le fumier

Nous avons vu qu'il nétait pas assez souvent sorti de l'étable, ce devrait être un travail quotidien. La litière des animaux est es­sentiellement composée de paille.

 La quantité produite par an, pour une ferme de moyenne importance est voisine des données suivantes :

1 cheval           10 000 kg

2 vaches            20 000 kg

4 chèvres           2 000 kg

2 porcs              2 500 kg

volailles-lapins     500 kg

Total                   35 000 kg

Si l'on compte, dans nos terres légères, une moyenne de 25 tonnes de fumier par an, on voit que la quantité produite est très insuffisante. Les fermes en produisant le plus ne dépassent pas 50 tonnes.

D'autre part, ce fumier est le plus souvent mal entretenu. On le met en tas sur la terre battue, le purin s’écoule et se perd, On compte une quinzaine de plates-formes cimentées dont 3 seulement avec fosse à pu­rin. Il faudrait commencer par améliorer les conditions de conservation du fumier pour éviter toutes les pertes qui se produisent. II n’est guère possible d’augmenter le nombre de têtes de bétail, tout au moins pas suffisamment pour obtenir une quantité suffisante de fumier. II faudrait que les agriculteurs pratiquent la méthode des engrais verts, dans les terres les plus humides, et fabriquent du fumier artificiel.

 

Les engrais  chimiques

Nous avons vu dans l’étude des productions végé­tales que le manque de fumure en général était une des principales raisons des faibles rendements constatés. Le correspondant du syndicat agricole de Saint-Vallier à Claveyson qui fournit la plus grande quan­tité des engrais en vend environ 50 tonnes par an. Si l’on évalue les autres achats à 20 tonnes, on arrive au total de 70 tonnes pour 1 138 ha de terre cultivée, soit une moyenne de 61  kg par ha, ce qui est évidemment très faible.

L'engrais le plus employé est les scories de déphosphoration. Il est très bien adapté à nos terres souvent décalcifiées. Puis viennent les scories potassiques, les engrais complets, les nitrates et ammonitrates, le chlorure de potassium, la sylvinite.

La faible quantité d’engrais employés est due à une ignorance des besoins de la plante et, surtout, au prix élevé de ces produits car même chez les agriculteurs compétents on constate ce défaut. Jusqu'alors la polyculture ne permettait pas des revenus suffisants pour envisager des achats très importants. Les cultivateurs eux-mêmes reconnaissent la nécessité d'apporter davantage d'engrais.

 

Semences et plants

La majorité des semences et des plants sont produits sur l'exploitation. Cette coutume a ses bases dans la routine et encore dans le souci de dépenser le moins d’argent possible. Les graines ou les plants obte­nus sont souvent rustiques, résistants mais le rendement des récoltes suivantes est faible. On achète cependant des semences. Les semences de légumes, de betteraves sont achetées soit chez les commerçants locaux, soit au syndicat agricole de Saint-Vallier ou de Romans, Les semences de blé, plantes fourragères sont achetées au syndicat agricole.

Nous avons vu également que de nombreux agriculteurs avaient leur pé­pinière où ils produisaient leurs plants de vigne. Mais ceux qui se sont résolument orientés vers la production fruitière ont abandonné ces mé­thodes et se fournissent en plants chez des pépiniéristes spécialisés de la région.

L’usage du semoir serait un progrès important surtout pour les céréa­les et les cultures fourragères. Son prix en empêche l'achat par un pe­tit propriétaire mais une association de plusieurs agriculteurs doit être possible. Actuellement, on compte 2 semoirs sur la commune.

Aliments du bétail

Nous avons vu qu'ils étaient en grande partie produits à la ferme : fourrage, seigle, un peu d’avoine, betteraves, topinambours, raves, choux… On trouve souvent dans les fermes un concasseur pour les grains ou bien on les fait moudre au moulin de La Motte-de-Galaure, les racines et les tubercules sont hachés ou cuits dans la chaudière que l'on rencontre dans chaque ferme.

On se contente de la production de la ferme et si la récolte est moins bonne, la ration sera moins importante.

On achète assez peu d’aliments complémentaires : un peu pour la volail­le mais rarement pour les autres animaux. Ils se trouvent chez les com­merçants locaux.

 

Produits antIparasitaires

La quantité employée devient chaque année plus importante. Fongici­des et insecticides s'achètent le plus souvent au syndicat agricole.

Les coopérateurs pourraient au sein de la coopérative fruitière, faire une commande «en gros» ce qui leur permettrait de réaliser une économie appréciable.

 

Divers

L’essence, les autres carburants, l’huile s’achètent à Claveyson. Les pièces de rechange de l'outillage agricole sont prises chez les marchands de machines agricoles de La Motte-de-Galaure, Châteauneuf-de-Galaure, Saint-Vallier ou Romans.

Les réparations sont souvent faites chez le mécanicien du village.

 

 

TRANSFORMATION ÉCOULEMENT

 

PRODUITS UTILISÉS À LA FERME

Ce sont les produits destinés à la consommation familiale, à la nourriture du bétail, le bois.

 

Produits destinés à l'alimentation familiale :

-  Légumes du jardin : consommés frais pour la plupart.

- Pommes de terre : Elles sont conservées soit à la cave, soit dans les balmes ou baumes, grottes creusées dans la molasse.

- Blé : 110 agriculteurs pratiquent encore «l'échange» farine-pain. Ils font moudre leur blé au moulin de La Motte-de-Galaure, le plus souvent, et obtiennent 130 kg de pain pour 100 kg de farine, ils paient la panification.

- Lait et fromages : Ce sont surtout des fromages de chèvres, les tommes ; on fait coaguler le lait avec de la présure ; on fait écouler et sécher.  Le «petit lait» est ajouté aux aliments des porcs.

- Produits de la basse-cour : œufs, volailles, lapins.

- L’huile de colza : Elle est fabriquée au moulin à huile de Claveyson. De plus en plus, on lui fait subir un traitement pour supprimer le fort goût du chou.

 

Produits destinés à l'alimentation du bétail :

- Fourrage : Il est conservé soit à la «fenière», soit en meules près de la ferme ou dans le champ.

- Betteraves, autres tubercules ou racines : Ils sont conservés soit à la ca­ve, soit dans les baumes, soit en silos creusés en pleine terre et recouverts de paille et de terre.

- Grains : un coin du grenier leur est réservé. On les fait moudre au moulin ou on les concasse à la ferme. Le seigle est réservé aux porcs, l'avoine aux chevaux, le maïs à la volaille ainsi que le blé.

- Fourrages verts, trèfle, vesce, maïs : ils sont coupés selon les besoins, ils ne sont jamais conservés.

- La paille : Elle est rangée soit sous un hangar, soit en meule (le plus fréquent).

 

Le bois :

Une partie sert pour le chauffage. On achète très peu ou pas de charbon. C’est du bois de chêne et de pin, surtout. Le bois d’acacia et de châtaignier est réservé à la fabrication d’échalas, de piles…

 

 

PRODUITS VENDUS SANS TRANSFORMATION

Les asperges : Elles sont soit mises en bottes, soit emballées en vrac dans des cagettes. Depuis deux ans, on a créé un marché d’asperges qui a pris tout de suite une grande importance par sa situation au milieu d'une région spécialisée dans cette culture. En 1957, il y a été apporté 93 740 kg d'asperges et 2 500 kg de fraises ainsi que quelques légumes. Il se tient 3 fois par semaine devant l’école de filles, à 11 heures. Certains agriculteurs continuent, cependant, à envoyer leurs asperges à Lyon par des transporteurs qui passent tous les jours dans la campagne. Le prix moyen de vente au marché et d'expédition à Lyon est sensiblement le même. La deuxième méthode évite une perte de temps inévitable (transport, attente au marché). Ces deux débouchés se faisant concurrence per­mettent parfois de meilleurs prix.     

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Marché aux asperges

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La pesée des asperges au marché

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Vue générale du marché aux asperges

- Les fruits : Ils sont vendus de 3 façons :

1) Expédition à Lyon par l'intermédiaire de transporteurs faisant le ramassage à la campagne.

2) Vente dans les marchés voisins (Tain surtout).

3) Coopérative fruitière (voir organisation plus loin). Depuis cette an­née, elle a fait l’achat d'un camion qui ramasse les fruits des coopérateurs et les porte à Saint-Rambert-d'Albon où la coopérative assure la ven­te.

Dans les trois cas, ils sont disposés sur des plateaux (pêches) ou dans des paniers (fraises), triés, calibrés et emballés dans du papier. La coopérati­ve a adopté une couleur particulière pour chaque catégorie.

La coopérative fruitière n'en est qu'à ses débuts, le nombre de ses adhérents augmente. Peu à peu, ceux qui ne sont pas encore coopérateurs, comprendront qu'il est de leur intérêt d'y adhérer.

- Le tabac : La mise en manoques du tabac occupe une grande partie des journées du début de l'hiver. Il est livré à la manufacture de Beaurepaire. Ce jour-là, tous les planteurs se groupent et frètent plusieurs camions pour transporter la marchandise.

- Le blé : Ce qui excède la consommation familiale est porté au silo coopé­ratif de Saint-Vallier qui en assure la vente.

- Les vendanges : Les raisins sont transportés à la cave-coopérative de Saint-Donat par les camions-bennes de la coopérative. Les agriculteurs retien­nent la quantité de vin nécessaire à la consommation familiale, la vente du reste est assurée par la coopérative.

- Divers autres produits végétaux : Pommes de terre, petits pois, haricots, cornichons surtout. Ils sont expédies à Lyon aux grossistes comme les asperges.      

- Le lait : II est vendu exclusivement à la coopérative laitière de la Motte-de-Galaure.

Le ramassage se fait tous les matins entre 5 heures et demie et 9 heures. 

La coopérative le transforme en beurre, en fromage (Emmenthal et tomme de Savoie).

- Fromages de chèvres                       )  ils sont vendus aux coquetiers

- Produits de la basse-cour                )  qui passent

- Chevreaux                                       )  plusieurs fois par semaine.

- Veaux, Porcs : Le plus souvent, ils sont vendus directement aux bouchers
qui viennent les chercher à domicile.          

- Vaches, boeufs : Ils sont vendus aux marchands de bestiaux. Les marchés se font soit à domicile, soit lors des foires : Saint-Uze, Saint-Donat, Claveyson. La foire de Claveyson a gardé une importance qui n’est pas en rapport avec l'élevage dans la commune. Son caractère se transforme cependant en plus des habituels forains vendant des tissus, des vêtements, des souliers, etc.…, des marchands de machines agricoles viennent de plus en plus nombreux exposer leur matériel.     

 

PRODUITS VENDUS APRÈS TRANSFORMATION

Peu de choses sont vendues après transformation à la ferme si ce ne sont les fromages de chèvres cités plus haut.

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LES RÉSULTATS ÉCONOMIQUES

 

Les comptabilités agricoles

Elles sont très sommaires. Il est rare qu'on inscrive les dépenses. Les recettes sont connues tout au moins pour ceux qui vendent leurs produits à des grossistes ou qui adhèrent à une coopérative car on leur envoie le bordereau des marchandises livrées. Certains notent ces recettes. Même dans ce cas, un grand nombre d'opérations ne sont pas inscrites, la vente des produits de basse-cour par exemple. On ne peut demander aux petits agriculteurs de tenir une comptabilité compliquée. De plus en plus, ils confient leur argent à la Caisse de Crédit Agricole ainsi les entrées et les sorties de cette caisse constituent un embryon de comptabilité de l'exploitation.

Le manque de temps, une instruction sommaire font de la comptabilité une occupation rebutante. Mais il semble que tous les agriculteurs pour­raient au moins tenir un registre où ils inscriraient les opérations en espèce, ainsi qu'un inventaire du matériel avec la date d’acquisition. Ce type de comptabilité est insuffisant mais il pourrait être une première étape vers un type plus complet.

 

Voici quel serait le bilan approximatif d’une ferme type de la commune.

11 ha se répartissant ainsi :


Arbres fruitiers :                      1 ha

Vignes                                      1 ha

Asperges                                   1 ha

Blé                                            2 ha

Seigle                                       1 ha

Fourrage                                  2 ha

Plantes sarclées                        2 ha

Bois                                          1 ha

Cheptel

  2 vaches

  1 mulet

  4 chèvres

  1 porc

20 poules

10 lapins


 

Évaluation des produits vendus

Produits                                             Quantité                                Valeur

Fruits                                                 3 000 kg                                 300 000 F

Asperges                                            2 600 kg                                 250 000 F

Vin                                                     1 800 l                                     90 000 F

Blé                                                          20 q                                     60 000 F

Lait                                                    3 000 l                                      90 000 F

Veaux                                                         2                                     70 000 F

Volailles, œufs, lapins                                                                        30 000 F

Divers : légumes, cornichons, fromages…                                         30 000 F

                                                           Total des produits                  940 000 F

 

Évaluation des dépenses

Charges

Impôts                                                                                                 40 000 F

Assurances                                                                                          40 000 F

Sécurité sociale                                                                                    35 000 F

Frais d’exploitation

Engrais                                                                                                50 000 F

Aliments du bétail                                                                                 8 000 F

Semences                                                                                            10 000 F

Matériel (amortissement)                                                                  150 000 F

Animaux                                                                                             30 000 F

Salaires                                                                                             180 000 F

                                                           Total des dépenses                 543 000 F

                                                           Revenu agricole                    397 000 F

 

Dans ce cas moyen, le revenu à l’hectare serait de 36 000 F.

 

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Vue générale de la foire, devant l’ancien café Cheval

 

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Autre vue de la foire

 

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Le matériel agricole commence à être présenté à la foire

 

 

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LA VIE INDIVIDUELLE, FAMILIALE

 

Nous avons vu que les exploitations étaient essentiellement familiales. En général, la direction de l'exploitation est assurée par le père et la mère, parfois le père seul. Le père et les grands garçons s'occupent des travaux des champs. La mère s'occupe du ménage, de la basse-cour, du jardin, souvent de la traite des vaches et des chèvres. Elle va aussi garder les vaches et les chèvres au pré. Mais il n'est pas rare qu’elle aide son mari dans les champs pour les labours, elle conduit l’attelage pour la fenaison, le ramassage des asperges, des fraises et autres fruits, des cornichons… Il lui arrive même de conduire le trac­teur lors des travaux de sulfatage alors que son mari marche derrière pour asperger les arbres.

Dans des cas très rares, la fermière tient aussi une comptabilité très simple de l'exploitation.

 

Nourriture

Souvent, la mère de famille est au champ et elle n’a pas le temps de préparer un repas complet, elle rentre vers 11 heures à la mai­son. La base de la nourriture est constituée par les pommes de terre et les autres produits de la ferme : légumes, œufs, lait et fromages. Tous les ans, on tue un ou deux porcs que l'on transforme en saucisses, pâtés, bou­dins; le lard sert à assaisonner la soupe. Il semble que les paysans achè­tent plus de viande de boucherie qu'auparavant mais cet achat est sur­tout réservé aux repas du dimanche.

 

Les vêtements

Les vêtements de travail des hommes sont en toile bleue, l'été ; l’hiver, ils portent souvent des habits de gros drap ou de velours. Les femmes portent, pour le travail, un tablier ou une blouse.

Dans les champs, les hommes portent soit des brodequins de cuir, soit des bottes de caoutchouc.

En plus des vêtements de travail, on possède un costume que l'on met le dimanche et les jours de fête. Même chez les personnes âgées, on ne voit pas de vestiges de costumes régionaux sinon anciens.

 

Hygiène

La maison est propre, en général, mais la fermière n'a pas le temps de se consacrer suffisamment à son ménage. D'autre part, les habitations n'ont pas beaucoup de commodités, en particulier pas d'eau sur l'évier. Elles n'ont pas été améliorées ou très peu depuis leur construction. Ceci demande des sommes d'argent considérables car dans les vieilles mai­sons une réparation en entraîne d'autres non prévues au départ. Malgré les quelques subventions pour l'amélioration de l'habitat rural, le paysan n'a souvent pas les sommes nécessaires pour ces améliorations.

Les murs des cuisines sont badigeonnés mais cet entretien se fait rarement et ils sont souvent noircis par la fumée. Les chambres sont également badigeonnées. Rares sont les chambres tapissées au papier peint.

Nous avons déjà vu qu’il n’y avait de l’eau que très rarement sur les éviers ; on va la chercher à la pompe dans la cour (puits ou citerne). Les «eaux de Manthes», nouveau projet d'adduction, résoudront en partie ce problème. La réalisation complète est attendue avec impatience.

Quelques fermes aisées sont équipées de chauffe-eau électriques. Les W-C sont bâtis dans un coin de la cour, près de la fosse à fumier souvent.

 

Repos et réjouissances familiales

La vie à la campagne est assez ingra­te. La polyculture, l’élevage surtout ne permettent pas à l’agriculteur de s'absenter une journée entière ou alors un des membres de la famil­le doit rester pour assurer les travaux quotidiens. Le repos est généra­lement observé le dimanche, tout au moins l'après-midi. On reste à la maison ou l'on rend visite à quelque parent ou ami. Les hommes se ren­dent souvent au village pour jouer aux boules.

Les soirs d'hiver, on se réunit entre voisins devant une bouteille de vin, on discute et on joue aux cartes.

Les fêtes de famille sont aussi l'occasion de se rencontrer entre parents et amis (baptême, communion, mariage).

On invite également les parents les jours de fête au village : vogue, foire, fêtes des écoles.           

Le nombre d’automobiles augmente assez rapidement ; les paysans peu­vent ainsi s'évader plus facilement de leur horizon, on n'a pas encore pris beaucoup l'habitude d’«aller se promener» pour visiter une région voisine ; la voiture permet d’aller au marché, d'aller rendre visite aux parents.

Dans cette région de petites propriétés, les conditions d'existence n'ont guère évoluées. Les jeunes semblent s’insurger actuellement contre cette manière de vivre et voudraient en améliorer les conditions mais ils se heurtent toujours à la question financière.

 

LA VIE COLLECTIVE

 


Éducation des jeunes

Peu d'enfants sortent chaque année de l’école primaire

Orientation des garçons sortant de l’école primaire

Restent et travaillent à Claveyson

Poursuivent leurs études

Vont en apprentissage (usine)

1953

4

1

1

1954

2

 

 

1955

3

 

 

1956

1

 

1

1957

1

 

1

1958

2

2

2


Pour les trois dernières années, le nombre d'élèves allant direc­tement travailler à l'usine est le même que celui de ceux restant au travail de la terre. Ces derniers, vont suivre l'enseignement agricole au centre de La Motte-de-Galaure, depuis 1957. Avant certains allaient, le samedi soir, à Hauterives mais cette solution déplaisaient aux parents qui devaient envoyer leurs enfants à plus de 15 km, l’hiver, d’autant plus que le retour se faisait de nuit. Par ce fait, plusieurs élèves sortant de l'école laïque devaient fréquenter les cours privés s'ils voulaient acquérir quelques notions d'agriculture.

 

Religion

La majorité des habitants est catholique. On compte une seule famille de protestants mais ils ne sont pas originaires de Claveyson.

Les services religieux sont assez suivis.

 

Les coutumes

Les survivances du passé, dans ce domaine, sont assez rares.

Celle qui semble la plus tenace est la fête des conscrits. Les jeunes gens devant avoir 20 ans dans l'année se réunissent aux environs de Noël et du Jour de l'An. Ils portent bonnets et cocardes tricolores. Ils sont équipés de trompettes ou de clairons, de tambours. Ils parcourent la cam­pagne prenant leurs repas, couchant même, chez un des leurs, à tour de rôle. Ils visitent les «conscrites» et leur offrent un petit cadeau. Ils font appel aussi à la générosité des au­tres habitants et terminent cette fête par un grand repas.

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Les conscrits en 1957 ( ?)

 

Une autre coutume est celle de la «fricassée». Lorsqu'on tue le «cochon» dans une ferme, on porte aux voisins et amis une assiette où l'on met un peu de boudin et de viande.

 

Le langage

À la campagne, on parle patois. Ce patois s’est beaucoup transformé et comporte maintenant de nombreux mots français déformés. On ne conçoit pas que l'on puisse parler autrement que patois aux ani­maux de la ferme.

 

Distractions et organisation des loisirs

Cinéma : Le Sou des Écoles Laïques projette une fois par quinzaine, le dimanche soir, un film de la sélection de l'UFOLEIS.

Sports : Une association sportive, l’Avenir Sportif, groupe les jeunes qui pratiquent principalement le basket-ball, parfois le cross-country.

 

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René Arnaud va réceptionner la balle

Fêtes : Le Sou des Écoles Laïques organise chaque année à la fin de l'année scolaire une magnifique fête avec le concours des élèves des écoles publiques et la participation d'une troupe venant de l’extérieur.

Les organisations locales organisent, au cours de l’année des bals, des concours de belote : Cantine scolaire, Avenir sportif, Société de chasse.

Parmi les autres distractions, citons les concours de boules organisés par la société locale, le concours de tir aux pigeons organisé par la so­ciété de chasse.

Les jeunes gens qui ont, pour la plupart, une moto ou un vélomoteur se rendent facilement dans les villages voisins aux bals ou aux fêtes.

 

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Beaucoup de monde à la fête des écoles

 

Les organisations agricoles

Elles sont assez nombreuses mais intéressent souvent plusieurs communes et n'ont pas toutes leur siège à Claveyson.

Le syndicat agricole : Ce n'est qu'un dépôt de celui de Saint-Vallier. Il fournit la plus grande partie des engrais vendus dans la commune (50 t). Pour la plupart des autres denrées, les agriculteurs se rendent directe­ment au Syndicat agricole de Saint-Vallier ou de Romans.

La caisse de Crédit agricole se trouve également à Saint-Vallier.

La coopérative laitière de La Motte de Galaure : Tous les agriculteurs possédant des vaches en font partie, c'est le seul organisme ramasseur de lait.

La cave-coopérative de Saint-Donat : Elle groupe une quarantaine de produc­teurs de Claveyson.

La coopérative fruitière : C’est la dernière née. Son siège est à Claveyson mais elle groupe plusieurs communes, d'ailleurs son titre exact est : Coopérative Fruitière de la Basse-Galaure : Saint-Uze, Saint-Barthélemy, La Motte-de-Galaure, Mureils. Elle comprend actuellement 43 adhérents. Elle vient d'acquérir un camion, ce qui prouve son excellent départ. Au point de vue commercial, elle est rattachée à la coopérative de Saint-Rambert-d’Albon. C'est le service commercial de cette dernière qui trouve les marchés et assure la vente des produits.

Les coopératives ont donc pris assez d'extension dans la commune. Mais la plupart ne les considèrent encore que comme des négociants à qui chacun vend ses produits. Ils n'y sont pas assez attachés et si la coopérative, pendant un certain laps de temps, pour différentes raisons, pratique des cours un peu plus bas que ceux des marchés voisins, certains s'empressent de porter leurs produits ailleurs. II faut que le paysan, petit agriculteur surtout, prenne bien conscience que les associations coopératives sont le seul moyen pour lui de pouvoir lutter sur le mar­ché contre les gros producteurs. Une éducation agricole ne doit pas né­gliger cet apprentissage de l'esprit coopératif.

D'autres coopératives pourraient se créer : moissonnage-battage, labour. Le mieux serait un regroupement de coopératives au but assez limité en une grande association locale groupant toutes ces activités. Une seule coopérative limiterait en particulier le nombre des réunions pour les­quelles les agriculteurs se dérangeraient plus volontiers.

 

APPLICATION DES LOIS SOCIALES

Le paiement des assurances sociales a été assez long à s’établir d'une façon régulière mais il semble actuellement que la plupart des agriculteurs s'y conforment, tout au moins ceux employant des salariés permanents. Quant aux ouvriers temporaires ne faisant que quelques jour­nées de travail dans l’année chez un autre agriculteur, il semble bien que cette application des lois sociales ne soit pas respectée. Ceci est dû à la lourdeur de ces charges et à la répugnance à remplir des états assez compliqués. Mais nous avons vu que le nombre d'ouvriers agricoles était très restreint.

 

 

CONCLUSION

 

Les activités agricoles de Claveyson semblent être à un tournant. On voit se dessiner une nette orientation vers la production fruitière. Les agriculteurs devront progresser avec prudence dans ce domaine, choisir des espèces et des variétés bien adaptées, améliorer la fumure, en particulier, assurer une protection parfaite contre les intempéries et les parasites. Mais ils n'ont pas l'intention d'établir la monoculture car ils en connaissent les inconvénients, même devant les avantages qu'elle présente : travail plus facile et plus régulier, spécialisation du travail et du matériel amenant une connaissance plus parfaite de la culture mais risques d'effondrements plus ou moins durables des marchés.

L'asperge gardera longtemps encore la faveur des cultivateurs. C'est une culture certaine amenant peu de déboi­res. Son extension n'est guère possible car les terres propices ayant déjà été plantées et la replantation demande une dizaine d'années.

Le tabac, avec l'absence de main-d'œuvre, ne pa­raît pas pouvoir progresser. II pourrait au moins se maintenir si l'on permettait le ramassage en «pied».

Mais à côté de cette évolution, les exploitations continuant les cultures traditionnelles sont nombreuses, celles comprenant des plantations fruitières continuent également ces cultures : céréales, pommes de terre, cultures fourragères, etc. Là aussi, on peut améliorer les rendements. Pour enlever les doutes de certains cultivateurs dans ce domaine, citons un rendement de 50 q à l'hectare d'Étoile de Choisy au cours de la saison 1958. Le précé­dent cultural était du tabac pour lequel, on a vu, on amenait une fumure abondante. Ce qui prouve encore que cette amélioration ne peut se faire qu’avec une amélioration de la fumure et des assole­ments. Ce rendement exceptionnel pour la commune a été obtenu dans une des meilleures terres mais où les variétés locales, dans les conditions habituelles, auraient produit 25 q au maximum. Il est donc possible d'amener la moyenne à 25-30 q (actuellement 17 q) avec une amélioration de la culture et des variétés.

Les productions animales ne peuvent guère augmenter en quantité mais par une amélioration des races et aussi par celle de la production, fourragère on peut en améliorer la qualité.

Toutes ces améliorations ne peuvent se faire immédiatement dans les conditions actuelles, il faudrait d’abord une aide financière plus efficace pour les petites propriétés qui ne peuvent évoluer au même rythme que la technique et la science car les prix agricoles ne suivent pas toujours l'ascension des prix industriels. II faudrait ensuite développer l'enseignement agricole pour approfondir les notions qui permettront ces améliorations. II faut, d'autre part, que les agriculteurs comprennent que ce n’est que dans un développement de la coopération qu'ils pourront assu­rer la vente et la conservation de leurs produits. L'esprit paysan, souvent individualiste, s'y refuse parfois, ne voyant pas que de l'intérêt général jaillira son intérêt particulier.

Claveyson ne possède peut-être pas les conditions maxima pour devenir une région de gros rendements mais une amélio­ration de ces conditions est possible, sauf peut-être pour l'irri­gation, et la commune peut alors prendre rang pour des productions de qualité.

 


Date de création : 06/10/2008 · 07:18
Dernière modification : 07/10/2008 · 21:08
Catégorie : Patrimoine
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